SAUTER LA BÉNÉDICTION À
L'ÉCOLE...
Version française des Dernières Nouvelles de l'UAAR – Union des Athées, Agnostiques et Rationalistes. (12 décembre 2013) :
Texte italien : http://www.uaar.it/news/2013/12/12/genitore-ateo-fa-saltare-benedizione-scuola-famiglia-cristiana-prende/
Précepte laïque
Italiens, encore un effort pour devenir laïques !
Le
sans-gêne confessionnel dans les écoles italiennes est encore plus
marqué, si possible, pendant la période de Noël. Malgré que les actes de
culte soient expressément défendus dans l'horaire scolaire, on fait
comme si de rien n'était en se référant à la tradition. Mais toujours
plus de personnes se tournent vers l'Uaar pour signaler des messes,
bénédictions, visites de religieux dans les instituts, qui souvent sont
autorisées avec l'active collaboration des dirigeants scolaires. Face à
cela, notre association a mis à disposition de tous une fiche
d'information et un modèle de réclamation à adresser à l'école.
Un cas parmi tant d’autres est remonté dans la presse nationale, rapporté par Il Fatto Quotidiano
. À Tradate en province de Varese, Elia Bogani, parent d'un élève de
l'institut d'État « Galilei », a téléchargé notre modèle, l'a réajusté
pour l'occasion et l'a envoyé à l'école, où était programmé sous peu une
bénédiction de Noël. Bogani et sa femme, deux athées déclarés, ont
ainsi décidé de contester une tradition qui tous les ans se répète
quoiqu'elle ne convienne pas dans une école où sont présents des élèves
de fois différentes et même, des mécréants. La circulaire du dirigeant
scolaire avait prévu pour le 18 décembre, « suite à des demandes de
nombreux parents » et « comme de coutume », la bénédiction en masse dans
différentes écoles de la zone. Dans l'avis distribué dans les classes,
il était prévu que celui qui ne participerait pas, resterait en classe
pour des « activités récréatives », pendant que les autres seraient
menés au rite.
Aux
parents qui faisaient remarquer l'irrégularitéde la chose et
demandaient d'annuler ou de postposer ce rite en dehors des heures
d'école, la principale Paola Tadiello a répondu, en tentant de se
justifier, disant qu'il s'agissait seulement d'une « légère modulation
de l'horaire de religion », en « forme collective » et « seulement pour
cette occasion », expédient de toute façon non prévu par la
réglementation, qui défend même de tels accommodements. Par la suite, le
conseil de l'institut a reconnu que la procédure n'était pas régulière
en suspendant la bénédiction.
L'épisode
a été commenté par divers journaux
[http://www.giornalettismo.com/archives/1242033/la-storia-della-benedizione-vietata-in-classe-a-varese/].
Il y a qui en appellent à la majorité, comme un lecteur du Corriere de
la Sera dans la rubrique de Sergio Romano. Famiglia Cristiana en
a parlé également et a activé un espace pour commenter l'événement. Ce
que rapporte l'hebdomadaire paulinien n'est pas du tout correct, car
s'il est vrai que dans la sentence du Conseil d'État du 2010, on lit que
« la visite pastorale ne peut pas être définie comme activité du
culte », dans le cas de Tradate, il s'agissait d'un acte de culte — avec
prière, signes de croix et usage d'eau bénite — et donc illégitime. Il
ne nous semble pas que la révolution bergoglienne ait ramené de tels
contenus sacrés à la coupe d'un ruban.
Malheureusement
la réaction de certains parents et politiciens n'a pas été tolérante et
les parents ont été objet d'âpres critiques. L'assesseur à la culture
et à l'instruction Andrea Botta (Pd) a pris parti en se disant « déçu »
car il s'agissait d'une « tradition qui se répétait depuis des années et
n'avait jamais gêné personne ». Les insultes et les attaques n'ont pas
manqué sur les réseaux sociaux. Tout cet ostracisme pour avoir
simplement demandé le respect des lois et de la laïcité dans l'école,
sur base d'un sens civique qui devrait appartenir à tous, surtout à ceux
qui assument des tâches institutionnelles.
Notre
association tient à faire connaître sa proximité morale et sa
solidarité à cette famille. Nous sommes convaincus, comme Bogani, que
tant d'autres gens se rendent compte de l’inopportunité des rites
religieux dans les écoles, mais qu'ils ne sortent pas à découvert par
peur, pour leur tranquillité ou car protester leur paraît indécent.
Seuls les cléricaux peuvent considérer comme fanatique celui qui demande
le simple respect d'un principe fondamental comme la laïcité de l'État.
Surtout maintenant que nous vivons dans une société où les athées, les
agnostiques et les non-catholiques sont maintenant nombreux et envoient
leurs enfants à l'école, il est toujours moins soutenable d'affirmer que
les messes et les bénédictions dans les écoles publiques et laïques —
ce qui veut dire de tous et qui devraient représenter tous — soient une
tradition inoffensive dans laquelle la collectivité doit se reconnaître.
Il est important de réaffirmer que les parents laïques peuvent agir et
contester les actes de culte qui de fait, sont imposés dans les
instituts scolaires ; notre association, qui entre autres, a aussi
entamé le parcours légal qui a conduit à la sentence du Conseil
d'État, sera toujours à leurs côtés. Car c'est avec ces petits gestes
que s'amorcent les grands changements.
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