vendredi 31 janvier 2014

On va se marier

On va se marier


Chanson de langue française – On va se marier – Marco Valdo M.I. – 2014
Parodie d'une chanson de Léo Ferré – Ils ont voté (1967) -[[7413]]










Lucien l'âne mon ami, voici une chanson composée dans l'urgence et qui répond à un objectif précis : mettre en cause la chape de plomb catholique qui pèse sur nous tous Européens (et bien au-delà) et qui dans bien des pays, encage les gens et entrave leurs libertés les plus personnelles. Ce combat, je le mène (avec toi, avec d'autres) à partir de la Belgique où je réside. Nous le menons au travers d'une association dont je t'ai déjà parlé et qui s'appelle ALBI – Action laïque belgo-italienne, dont le but est de soutenir et défendre les personnes résidant en Italie et les associations qui en Italie, sont en butte aux rétorsions catholiques, qui comme tu le sais, sont nombreuses et persistantes.

Cette association m'a adressé ce jour un message en quatre langues que je te montre :

LIBERI DI AMARE. Des gays italiens se marient à Bruxelles
Mario et Giovanni s’aiment et vivent ensemble à Milan depuis 12 ans. Comme de nombreux couples de même sexe italiens, ils veulent se marier, mais l’Italie ne leur reconnaît pas ce droit.
En Belgique, le mariage entre personnes de même sexe est admis depuis le 1er juin 2003, à l’issue d’un long combat de la communauté LGBTQI. De 2004 à 2012, 19.463 mariages de personnes de même sexe ont été célébrés en Belgique !
Le 15 février 2014 à 12h30, Mario et Giovanni et deux autres couples s’uniront symboliquement pour revendiquer l’égalité des droits pour les personnes de même sexe en Italie. Les mariages seront célébrés en téléconférence par Olivier Deleuze, Bourgmestre de Watermael-Boitsfort, à la Salle Bauer de la Società Umanitaria (Via Daverio 7 à Milan), et à la Maison Arc-en-ciel, rue du Marché au Charbon 42, à 1000 Bruxelles.
Venez soutenir nos amis Italiens dans ce combat en nous rejoignant ce jour-là à la MAC !
Cette action est une initiative de l’association Certi Diritti www.certidiritti.it en Italie, et d'ALBI Action laïque belgo-italienne (albi@laique.be) en Belgique.

LIBERI DI AMARE. Omosessuali italiani si sposano a Bruxelles
Mario e Giovanni si amano e vivono insieme a Milano da 12 anni. Come molte altre coppie italiane dello stesso sesso vorrebbero sposarsi, ma l'Italia non riconosce loro questo diritto.
In Belgio, a seguito di una lunga lotta della comunità LGBTQI, il matrimonio tra persone dello stesso sesso è riconosciuto dal 1 giugno 2003. Dal 2004 al 2012 sono stati celebrati 19.463 matrimoni!
Il 15 febbraio 2014 alle 12.30, Mario e Giovanni e due altre coppie si uniranno simbolicamente per rivendicare l'uguaglianza dei diritti per le persone dello stesso sesso in Italia. I matrimoni saranno celebrati in teleconferenza da Olivier Deleuze, sindaco di Watermael-Boitsfort (Bruxelles), alla sala Bauer della Società Umanitaria ( Via Daverio 7 a Milano), e alla Maison Arc-en-ciel, rue du Marché au Charbon 42, a 1000 Bruxelles.
Vi aspettiamo il 15 febbraio alla MAC per sostenere i nostri amici italiani in questa lotta.
Questa azione è un'iniziativa dell'associazione Certi Diritti (www.certidiritti.it) in Italia, e di ALBI Action laïque belgo-italienne (albi@laique.be) in Belgio.
LIBERI DI AMARE. Italiaanse homo's trouwen in Brussel
Mario en Giovanni houden van elkaar en leven reeds 12 jaar samen in Milaan. Net als vele andere Italiaanse koppels van hetzelfde geslacht willen ze graag trouwen, maar in Italië wordt dit recht niet erkend.
In België wordt het huwelijk tussen personen van hetzelfde geslacht erkend sinds 1 juni 2003, als gevolg van een lange strijd van de LGBTQI gemeenschap. Tussen 2004 en 2012 werden maar liefst 19.463 huwelijken gesloten!
Op 15 februari 2014 om 12u30 zullen Mario en Giovanni en twee andere koppels symbolisch trouwen om gelijke rechten voor koppels van hetzelfde geslacht in Italië te eisen. De huwelijken zullen via teleconferentie voltrokken worden door Olivier Deleuze, burgemeester van Watermaal-Bosvoorde, in de zaal Bauer van de Società Umanitaria (Via Daverio 7, Milaan), en in het Rainbow House, Kolenmarkt 42, 1000 Brussel.
Kom die dag naar het Rainbow House om samen onze Italiaanse vrienden te steunen!
Deze actie is een initiatief van de vereniging Certi diritti www.certidiritti.it in Italië, en van ALBI Action laïque belgo-italienne (albi@laique.be) in België.
LIBERI DI AMARE. Italian gays marry in Brussels
Mario and Giovanni love each other and live together in Milan since 12 years. As many other Italian same-sex couples they would like to marry, but Italy doesn't recognize this right.
After a long struggle of the LGBTQI community, the same-sex marriage became legal in Belgium the 1st June 2003. Between 2004 and 2012 were celebrated 19.463 marriages!
15 February 2014 12.30, Mario and Giovanni and two other couples will marry symbolically to claim equal rights for same-sex peoples in Italy. The marriages will be celebrated via teleconference by Olivier Deleuze, Major of Watermael-Boitsfort (Brussels), at the Bauer hall of the Società Umanitaria, (Via Daverio 7, Milan), and at the Rainbow House, rue du Marché au Charbon 42, 1000 Brussels.
We hope to see you that day at the Rainbow House to support the struggle of our Italian friends.
This action is promoted by the association Certi Diritti (www.certidiritti.it) in Italy, and by ALBI Action laïque belgo-italienne (albi@laique.be) in Belgium.




Comme à ce moment, je terminais de relire la chanson de Léo Ferré « Ils ont voté », il m'est venu à l'esprit d'en faire une parodie – au sens premier, c'est-à-dire dans son sens le plus ancien, son sens d'origine : « Texte composé pour être chanté sur une musique connue ». Cette parodie a pour but de raconter ce qui est dit dans l'annonce ci-dessus et d'en montrer certaines dimensions plus étendues. Comme tu peux le voir, il s'agit d'homosexuels qui souhaitent se marier, ce qui est légitime – dès le moment que l'on considère le mariage comme une forme d'union librement consentie. Ce type de mariage est d'ailleurs légal et très courant ici, dans ce petit pays pourtant très conservateur. Ces deux hommes Mario et Giovanni, qui vivent depuis douze ans ensemble, se voient refuser ce mariage dans leur propre pays et ont donc demandé l'asile symbolique en Belgique et cela leur a été accordé. Le mariage et deux autres similaires seront célébrés par un bourgmestre belge à Bruxelles ; ce sera même un mariage électronique... les mariés étant toujours en Italie. Un mariage célébré par la grâce de la télématique...


Ce sont là les mystères de la modernité... Ça nous changera de la grâce divine ou de la grâce du Saint-esprit... dit Lucien l'âne en riant à belles dents. Mais, ajoute-t-il, dis-moi deux trois mots sur la chanson elle-même. Que raconte-t-elle ?


C'est simple. En fait, je l'ai conçue comme si c'était un des futurs mariés qui annonce à sa « mamma-maman » qu'il va se marier avec un homme. Alors, il faut déjà bien se dire que la « mamma-maman » est peut-être sa mère biologique, mais aussi certainement l'Italie et sa belle-mère ou son aïeule est forcément l'ÉCAR – Église Catholique Apostolique et Romaine ; je précise, l'ÉCAR, car des Églises, il y en a beaucoup et des bien différentes. Il faut aussi comprendre que cet homme qui épouse un homme pourrait être une femme qui épouse une femme... Pour moi, c'est complètement égal ; en somme, ce sont leurs oignons. Comme on dit par ici, ils feront leurs lits comme ils se coucheront. Cet homme ou cette femme explique à sa « mamma-maman », qu'en raison de l'intolérance qui règne dans son pays, il a demandé et obtenu l'asile symbolique en Belgique et que le mariage aura lieu là...


Mais enfin, je ne te savais pas partisan du mariage..., dit Lucien l'âne qui ouvre de très grands yeux pensifs...


Mais mon ami Lucien l'âne, ce n'est pas seulement du mariage dont il est question, mais de la liberté de se marier ou non et plus généralement, de la liberté de disposer de soi-même et de ses actes, de la liberté de disposer de son corps, de sa vie... et fondamentalement, de la liberté tout court. De sa liberté à cet homme, de leur liberté à ces hommes, de ta liberté, de ma liberté... Bref, de la liberté de chacun de nous. C'est un combat global qu'il nous faut mener contre toutes les forces d'oppression qu'elles soient politiques, militaires ou religieuses. Je te rappelle notre devise : « Ne jamais se soumettre », ce qu'on pourrait traduire en italien par « Non mollare », qui fut un journal clandestin antifasciste publié en 1925, immédiatement interdit et dont les fondateurs les frères Rosselli furent assassinés par les fascistes. [http://it.wikipedia.org/wiki/Non_Mollare]


Alors, allons-y défendons ce mariage, c'est une manière comme une autre de tisser le linceul de ce vieux monde clérical, bigot, cagot, haineux, étouffant, oppressant, objecteur, mortifère et cacochyme.



Heureusement !



Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane






Avec le Christ sur le dos
Depuis le temps de Benito
En Italie, si on n'est pas catho
On ne vaut pas le moindre euro
Voilà ton fils, mamma, maman,
Il va se marier maintenant
C'est épatant, il s'émancipe
Il va épouser un autre type

On va se marier... et puis, après?

Certains ont la mémoire hystérique
Et les souvenirs castrés
Normal, ils sont catholiques
Ils veulent tout sanctifier
Et vous voudriez qu'ils acceptent
Sans discussion et sans hurler
Qu'à leurs commandements qu'on débecte
On oppose la liberté.

On va se marier... et puis, après ?

Au Vatican, à Rome, le long du Tibre
On ne peut être des gens libres
Des femmes, des hommes ensemble
Des êtres humains vivant en couple.
Dans ce pays, à la télé
On peut voir agiter leurs ailes
Ces pathétiques demoiselles
Avec leurs charmes dévoilés

On va se marier... et puis, après ?

Maintenant, on ne veut plus se taire
Nous on veut s'aimer debout
On ne cache plus nos goûts
Comprenez-le pères et mères
C'est absurde et dramatique
Il nous faut aller à l'étranger
Demander asile à la Belgique
Pour pouvoir nous marier
Le jour de gloire est arrivé !



CI SI SPOSERÀ… E POI, DOPO ?

Version italienne – 2014
http://www.antiwarsongs.org/canzone.php?lang=it&id=46672

Con il Cristo alle spalle
dai tempi di Benito
In Italia, se non sei cattolico
non vali neanche mezzo euro
Ecco tuo figlio, mamma mamma
Ora si sposerà
E' magnifico, si è emancipato
e sposerà un altro ragazzo

Ci si sposerà... e poi dopo?

C'è chi ha la memoria isterica
e le idee castrate
Normale, sono cattolici
Tutto vogliono santificare
E vorreste che accettassero
senza discussioni e senza urla
che ai loro ordini esecrabili
si opponga la libertà.

Ci si sposerà... e poi, dopo ?

Al Vaticano, a Roma, lungo il Tevere
non si può essere persone libere
Donne, uomini insieme
esserei umani che vivono in coppia.
In questo paese, alla tivù
Si possono vedere agitare le ali
Queste patetiche signorine
con le loro grazie svelate

Ci si sposerà... e poi, dopo ?

Ora non vogliamo più tacere
Vogliamo amarci alla luce del sole
non nascondiamo più i nostri gusti
Cercate di capirlo, padri e madri
è assurdo e drammatico
ci tocca andare all'estero
domandare asilo al Belgio
per poterci sposare.



Il giorno di gloria è arrivato !

vendredi 17 janvier 2014

ATHÉISME ET BESOIN DE RITUALITÉ

ATHÉISME ET BESOIN DE RITUALITÉ

Version française des Dernières Nouvelles de l'UAAR – Union des Athées, Agnostiques et Rationalistes. (16 janvier 2014) :


Le grand sapin





Précepte laïque
Italiens, encore un effort pour devenir laïques !




Dans son édition du 16 janvier 2014, l'UAAR reprend un article de Paul Fidalgo, publié sur son blog Friendly Atheist, intitulé Atheism and the Need for ‘Sacred Spaces’ for Ritual: Are They in Conflict?”
et partant de là, s'interroge à son tour sur le besoin de rites chez les athées. On verra la traduction de cet article de l'UAAR ci-dessous. Mais avant, il importe de poser la question en termes rationnels afin de neutraliser certaines dérives « étazuniennes », qui pour noyer le poisson et assurer le consensualisme sociétal (alias le politiquement correct), de rigueur dans la bonne société d'outre-Atlantique, lancent l'anathème contre le « nouvel athéisme » et contre les « athées ultra-orthodoxes », c'est-à-dire en clair, contre les athées tout court. Le but essentiel étant de les disqualifier par avance ; en somme, de les excommunier. Pour un peu, on en viendrait à traiter les athées athées – je veux dire réellement athées – d'hérétiques. Bref, on voit poindre ici une guerre de religions entre « athées », une croisade contre les « athées » plus ou moins orthodoxes, plus ou moins labellisés. À quand les bûchers ? À quand l'Inquisition ?
Comme on le verra, tout ça au nom de l' « esthétique » ? On croit rêver...

Alors, un moment de réflexion.
Il y a une confusion dans les idées qui tend à assimiler athéisme et laïcité.
Et ce brouillard, comme tous les brouillards qui se respectent, perturbe assez la vision et dès lors, favorise une sorte de magma où les lignes et les pensées se perdent.
En premier lieu, il faudrait comparer ce qui est comparable : non pas l'athéisme à la laïcité – qui sont des concepts qui se situent sur des plans différents. L'athéisme renvoie à une conception philosophique et la laïcité à un comportement social en même temps qu'au groupe et aux institutions qui s'en réclament.
Il faudrait donc mettre face à face : la laïcité et l'athéité. Deux entités comparables, mais véritablement distinctes.
Par ailleurs, ces deux mondes particuliers ne couvrent pas l’ensemble des « mécréants » ; il est une catégorie ignorée et pourtant centrale et essentielle au mécréantisme, c'est cette bande qui a comme principe et comme pratique le refus non seulement de Dieu, non seulement de l'appartenance ou du ralliement à une religion, mais bien le refus de toute forme de religion, fût-elle athée. Mécréantisme qui implique non seulement le refus de toute croyance dogmatique, de toute croyance spirituelle, mais aussi de toute croyance tout court. Cette attitude de vie entraîne également le refus de toute organisation structurée fondée sur la reliance (religio), elle-même fondée sur un substrat commun et des obédiences communes. Bref, le refus de toute religion entraîne le refus de toute forme d'église, même laïque. Dès lors, pour en venir aux rites (précisons que nous ne sommes pas contre la fête...), on découvre ceci : tout rituel, ayant, c'est sa nature, pour fonction d'engager et d'assurer l'avenir, d'affirmer et de garantir la soumission, est, par essence, une forme de sortilège ou de superstition et repose sur une croyance (peu importe laquelle); il l'institue. Pour le mécréant, le refus de tout rituel est évidemment cardinal – il s'impose.

Conclusion provisoire : Comme on peut être à la fois athée, laïque et religieux, je ne sais donc pas si l'athéïté, la laïcité ont besoin de rites... Mais ce que je sais, c'est que le mécréantisme au sens strict, dans son acception la plus profonde, qui est lui-même a minima athée ou indifférent à l'existence de dieux, et laïque, ce mécréantisme y est franchement opposé et estime que l'indépendance, la dignité et la liberté humaine passent par la disparition des religions.




Athéïsme et besoin de ritualité.
(texte traduit de l'UAAR)

Suzanne Moore a écrit dans le Guardian à propos du processus mental qui l'a poussée à réaliser une sorte de cérémonie pour la naissance de son troisième enfant (congratulations, au passage !). En faisant cela, elle a découvert que son désir pour une forme de rituel qui célébrait l'événement entrait en conflit avec son désir d'être une « bonne athée ».

Voilà comme elle-même explique le problème : elle craint que le « nouvel athéisme », quelle que soit l'interprétation du terme, puisse « se fixer sur l'éthique en ignorant l'esthétique » et que « l'athéisme ultraorthodoxe commence à ressembler lui-même à une foi rigide et patriarcale ».

Personnellement l'idée-même d'un « athéisme ultraorthodoxe » me dérange beaucoup, et j'imagine que beaucoup parmi vous avez la même réaction, principalement parce que comme concept, il n'a presque pas lieu d'être (comment pourrait-il ?). Mais Moore présente des raisons solides pour réserver un espace assimilable au « sacré » pour marquer les événements importants de la vie.

Nous avons la nécessité de créer un espace hors de la vie quotidienne dans ce but. Nous pouvons l'appeler espace sacré, si nous voulons, mais la délimitation d'espaces ou les instants spéciaux n'est pas exclusivement une prérogative des religieux. Nous pouvons vivre sans Dieu. Nous pouvons considérer sans fondement et inconsistante la pensée new age qu'il rend emphatique la « nature » et l'« esprit », mais considérer stupide le besoin humain d'exprimer transcendance et partage avec d'autres est à son tour stupide.

J'ai vu des cérémonies unitariennes pour nouveaux-nés (et même moins « nouveaux »), dépourvues de lourds traits religieux, et je les ai trouvées pleines de signification ; une manière tendre de donner le bienvenu à un nouvel être humain de la part d'une communauté de personnes bienveillantes. Elles n'offensaient pas mon athéisme.

Ceci est cependant un motif de cassure entre les mécréants, portant sur le fait que les cérémonies puissent trouver place à l'intérieur de notre mouvement, de notre communauté. Certains croient fermement que oui : vu par exemple le succès des « Sunday Assembly » (Assemblées du dimanche) et le travail des Harvard Humanists [à l'université de Harvard il y a un chapelain humaniste]. D'autres repoussent tout type de « congrégationnalisme », comme par exemple Tom Flynn, un de mes chefs au Center For Inquiry (CFI). Les raisons peuvent être de caractère générationnel ou bien personnel.

Pour cette raison CFI de Los Angeles, a organisé le 5 janvier une conférence sur la ritualité, pas pour la naissance mais à l'opposé, pour le départ. Dans cette rencontre, Caitlin Doughty a parlé des rituels de fin de vie destinés aux personnes laïques. En tout cas, qu'on parle de mort, de naissance, de mariage ou de rencontres dominicales, nous cherchons tous à comprendre si et comment insérer des rituels et des cérémonies dans la vie des athées.

La rédaction
Même l'Uaar organise, pour qui le désire (et seulement pour qui le désire), des cérémonies laïques-humanistes.


jeudi 16 janvier 2014

AIDE-MOI VALENTINE

AIDE-MOI VALENTINE 

Version française – AIDE-MOI VALENTINE - Marco Valdo M.I. – 2013
d'après les versions italienne et anglaise de Riccardo Venturi d'une
Chanson chilienne de langue espagnole – Ayúdame Valentina – Violeta Parra – 1962





Ah, Lucien l'âne mon ami, je suis très content de te voir, car...


Car ?, dit Lucien l'âne en redressant le crâne et en papillonnant des deux yeux tout en agitant alternativement les oreilles pour montrer son désarroi. Car quoi ? Alors, maintenant, il te faut une raison pour être content de me voir...


Ho, ne te braque pas ainsi, Lucien l'âne mon ami. Tu as parfaitement raison... Mais tu ne m'as pas laissé le temps de finir ma phrase... Je n'ai pas besoin de raison pour être content de te voir... Je voulais juste ajouter une raison supplémentaire, en quelque sorte la raison du jour... J'insiste : je suis toujours content de te voir et la raison en est que tu es mon ami. C'est d'ailleurs – à mes yeux comme aux tiens – le trait caractéristique de l'amitié que ce plaisir de se voir. Comme tu le constates, et je ne t'en ai pas fait la remarque jusqu'ici, comme tu le noteras dans tes tablettes, ce doit d'être réciproque. C'est là pure logique.


Certes, Aristote lui-même n'aurait pas mieux dit. Mais, maintenant, quelle est cette raison adventice qui justifie ce supplément de joie que tu as eu de me voir ?


Remarque, avant de conclure sur ce point, que cette joie est en quelque sorte de même nature que ce que Plotin appelait l'entropie. Elle vient en quelque sorte en surplus, comme une dimension intangible de l'être...


Mais, s'il te plaît, laisse-là Aristote et les Pères de l'Église, laisse-z-y aussi Plotin et son Dieu qui dégouline de partout... On n'est pas ici pour faire de la théologie et viens-en au fait.


Tu ne crois pas si bien dire ou plutôt, te tromper à un tel point... Car la chanson de Violeta Parra relève quasi-entièrement de l'univers théologique, même s'il s'agit d'une approche des plus ironique. D'abord, rien que son titre est tout un programme... te souviens-tu de Valentine Terechkova ? Sans doute, d'ailleurs, vas-tu me dire à ton habitude que tu l'as rencontrée, que tu l'as véhiculée sur ton dos et toutes ces révélations qui te sont usuelles.


De fait, j'ai connu et promené la mouette... Avant son vol, avant même qu'elle ne soit désignée... Avant même qu'elle imagine de voler... Au temps où on se connut, elle et moi, elle était une jeune et jolie ouvrière et elle aimait assez les promenades... Moi, comme tu le sais, j'étais toujours à la recherche des roses qui doivent me rendre mon apparence humaine... À vrai dire, je n'en ai pas trop envie, mais cela, c'est une autre histoire. Bien sûr, on s'est encore promenés tous les deux plusieurs fois après son exploit...


Tu ne vas quand même pas me dire que tu as connu aussi Violeta Parra,au Chili...


Je ne voudrais pas que tu croies un instant que je me vante, mais je dois à la vérité que je l'ai connue alors qu'elle était encore enfant là-bas à San Fabián de Alico et qu'elle courait les campagnes. Elle avait à peine dix ou douze ans et je me souviens qu'elle chantait tout le temps. Mais laissons mes pérégrinations et je t'en prie, viens-en à la chanson.


Donc, Violeta – on est en 1962, qui n'avait plus douze ans, écrit une chanson où elle demande à la toute récente et toute jeune cosmonaute Valentine, laquelle vient de passer trois jours dans l'espace autour de la Terre – que soit dit en passant, elle a bien failli quitter pour l'infini... Son engin s'éloignait de la Terre au lieu de s'en approcher... Elle a bien eu une solide frayeur, mais à côté de ses nausées, c'était – excuse-moi l'expression, du pipi de chat... pour ne pas dire, de la pisse d'âne. Donc, pour résumer la chose, Violeta demande à Valentine de l'aider – tant elle (et toute la population de son pays et toute la population du monde) est cernée par les bergers, pasteurs, prêtres, lamas, moines, nonnes et autres personnages en robe ou en pantalon... et tant ils l’assomment de discours religieux et théologiques, ce dont elle n'a cure.


Et nous aussi ! Nous qui « non siamo cristiani, siamo somari »... bref, qui sommes d'honnêtes mécréants.


Et que demande Violeta à Valentine ? Je te laisse le découvrir... En fait, ce sont là deux mécréantes de haut vol... Sache simplement qu'il s'agit d'une chanson laïque, athée, anticléricale et étant tout cela, forcément optimiste et de la plus grande humanité. Bref, une chanson selon notre raison et selon notre cœur !


En somme, dit Lucien l'âne en brayant de rire, « Le cœur et la raison sont les deux mamelles de l’athéisme »... Ainsi reprenons notre tâche et tissons le suaire de ce vieux monde gangrené par la religion, bigot, cagot, idiot, calotin, débile, totalitaire, stupide et cacochyme.



Heureusement !



Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane.






Putain de Mère ! Les diables.






Qu'allons-nous faire de tant
Et tant de prédicants !
Les uns se prévalent de livres,
D'autres de belles raisons ;
Certains d'étranges histoires
De miracles et d'apparitions,
Les autres de la présence
De squelettes et de scorpions,
Putain de Mère ! Les scorpions.

Qu'allons-nous faire de tant
De prières et de chants
Qui dans toutes les langues évoquent
La gloire et cela et ceci,
Les enfers et les paradis,
Les limbes et les purgatoires,
Les édens et la vie éternelle,
Les archanges et les diables,
Putain de Mère ! Les diables.

Mais oui, ils adorent l'image
De Marie la madone,
Mais ils n'adorent aucune
Dame ou demoiselle ;
Alors, que ce soit oui ou non, demain
Ou un vendredi matin,
Pour entrer en gloire
Il faut des dollars,
Putain de Mère ! Faut des dollars.

On voit qu'ils ne sont pas très propres
Les blés dans cette vigne
Et la zizanie prétend
Manger tout le champ ;
Peu lui chaut la manière
De clouer son épine
Pour sucer le plus faible
Quel diable d'insecte,
Putain de Mère ! L'insecte.

Qu'allons-nous faire de tant
De célestes développements
Valentine, faut m'aider,
Toi qui si haut a volé.
Une fois pour toutes, dis-moi
Que là haut un tel domaine n'existe pas :
Demain saura l'édifier
L'homme avec sa raison.
Putain de Mère ! Avec sa raison.

Qu'allons-nous faire de tant
De dieux et de leurs représentants!
À chaque pas, ils me mordent
De leurs canines féroces.
Valentine, faut te dépêcher
Ils ont multiplié les bergers
Car bientôt tout va s'effondrer
Comme dans l'histoire des sermons,
Putain de Mère ! Des sermons.

Qu'allons-nous faire de tant
De mensonges permanents :
Valentine, Valentine,
Passons le balai.
Messieurs : sous la terre
Se scelle le décès
Et à tout corps en silence
Le temps offre le néant,

Putain de Mère ! Le néant.