mardi 17 février 2015

GUERRES SAINTES

GUERRES SAINTES



Version française – GUERRES SAINTES – Marco Valdo M.I. – 2015
Chanson allemande – Von heiligen Kriegen – Reinhard Mey – 1967
Paroles et musique de Reinhard Mey






Chanson remontant un demi-siècle, mais – vous en conviendrez – encore plutôt actuelle…


Le commentateur italien qui nous a précédé a bien raison, cette chanson est toujours d'une grande actualité.


Un peu comme l'érotisme à Copenhague [[49024]], sujet à partir duquel j'ai écrit une chanson : « Sois islamique ! », pas plus tard qu'hier à la suite d'un acte imbécile, dément et criminel, commis au nom de la « Guerre Sainte », précisément. Donc, Lucien l'âne mon ami, voici une chanson sur la « Guerre sainte », « Djihad », comme la nomment certains furieux prophétiques. Elle date d'il y a un demi-siècle ; elle aurait pu être écrite bien avant car on n'a jamais manqué de délirants assassins fauchant leurs contemporains au nom d'entités nébuleuses Dieux, prophètes, livres et autres babioles ; entités fantômes dont ils usent pour justifier leurs penchants au sadisme. Ce qui, par parenthèse, permet de différencier les tenants d'une croyance :d'un côté, l'ensemble des croyants qui se contentent de croire et gardent leur croyance en eux-mêmes et de l'autre, ceux-là qui relèvent de la psychiatrie clinique. Ainsi, la chanson a été écrite en allemand par un Allemand, qui – composant aussi en français – aurait sans doute dû la traduire lui-même. Sans doute, l'a-t-il fait Mais je n'en ai pas trouvé de traces. Je ne sais d'ailleurs pas pourquoi Frédérik Mey (nom que se donne Reinhard Mey quand il chante en français) ne l'a pas mise à son répertoire.


Si je comprends bien, Marco Valdo M.I. mon ami, tu en as fait une version de ton cru.


En effet, je voulais me faire une idée de ce qui y était dit et je suis très content de ce que j'ai trouvé. Car, elle raconte trois guerres saintes – toutes aussi stupides l'une que l'autre : la première relate l'expansion de l'Islam, la seconde les Croisades, la troisième la Guerre de Trente Ans (et c'est une durée très sous-estimée) qui ravagea l'Allemagne et l'Europe centrale et qui je te le rappelle opposait les catholiques aux protestants. Et la chanson un rien sceptique, ou carrément mécréante, pose la vraie question : en quoi une guerre est-elle sainte ? J'ajouterais volontiers : en quoi une guerre sainte est-elle saine (d'esprit) ?


Là, tu as bien raison, c'est le cas de le dire. Il y a lieu de poser autrement la question. On ne peut, sauf en usant d'un sens figuré, poser sérieusement la question de la sainteté ou de la non-sainteté d'une guerre ou de quoi que ce soit ; car la sainteté, cela n'a aucun sens dans le réel. Par contre, on peut se poser la question de la santé mentale de ceux qui croient et qui, à partir de cette prémisse, édifient un univers fantasmatique, où ils abritent d'étranges entités qu'ils déclarent sacrées. Des gens qui à partir de là, veulent imposer leurs fantasmes aux autres humains et en cas de refus d'obtempérer, les massacrent à tour de bras. Tel est le sens de la guerre sainte, chose que nous les ânes, nous nous refusons à pratiquer.


Certes, mais c'est bien là le nœud, seuls les humains sont assez complexés pour vouloir imposer au monde pareilles sornettes. Cela dit, on aurait pu ajouter aux joyeuses tueries qui en découlent, celles qui ont été pratiquées au nom de croyances sans dieux, sans Dieu, sans entités anthropomorphiques désastreuses. En fait, vois-tu, le vrai problème, c'est la croyance elle-même qui est une drogue dangereuse. Elle rend fou celui qui l'absorbe. Ce qui est réjouissant dans cette chanson, c'est qu'elle rappelle que l'humanité a déjà connu pareilles mésaventures et qu'elle en est venue à bout.


Concluons ici : Ni Dieu, ni maître, ni guerre … et reprenons notre tâche et tissons le linceul de ce vieux monde malade de la croyance, calamiteux, massacreur et cacochyme.



Heureusement !



Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane



On a appelé au Djihad, à la guerre sainte
Et on a été de Médine et La Mecque
Au berceau chrétien, en Palestine,
Et puis, jusqu'à Tunis et en Espagne
Avec des oriflammes, des épées et des choses semblables
Porter le salut de l'islam aux hommes.
On a remplacé la croix par le croissant
Et on a pendu les mécréants.

Ça n'a pas laissé indifférents les chevaliers de la Croix
Et autour de l'an mil, ça y était
On partait là avec chevaux, armes et bagages
À la croisade, au sacré carnage
Avec le feu et l'épée, cette fois, on y allait
Pour libérer des Turcs et des Sarrasins, la sainte patrie
Et celui qui ne put fuir la victoire de la Croix
Par l'épée fut coupé en deux parties.

Pourquoi fait-on toujours la guerre aux mécréants
Ou contre une autre religion ?
On ne peut quand même pas supporter de tels hérétiques !
Alors, on fait la guerre au nom de la confession
Avec Wallenstein, Tilly et l'Empereur germanique.
On brûle les maisons des protestants
Et ceux-ci assassinent vieux ou jeunes
En réplique à la furie suédoise d'avant.

Aujourd'hui encore, on appelle à la guerre sainte
On y va en mots et en actes
Et tous au ciel montent en triomphe.
Mais dites-moi, en quoi une guerre est-elle sainte ?



samedi 14 février 2015

Sois islamique !

Sois islamique !

Chanson française – Sois islamique – Marco Valdo M.I. - 2015







Aujourd'hui, Lucien l'âne mon ami, ils ont remis ça. À Copenhague, cette fois ! Alors, je me suis dit, écrivons une chanson. Car nous, notre façon de dire les choses, c'est la chanson. Et aussi, de dire les choses sans détour. 


D'accord, excellentes manières. Mais, qui a remis ça ? 


Des tueurs se référant à je ne sais quel prophète ou à je ne sais quel Dieu que personne, à part les croyants eux-mêmes dans leur croyance, n'a jamais vu, ni entendu, ni rien. Néant absolu. Donc, ces tueurs ont été mitrailler une réunion où on discutait de la liberté d'expression. Ces gens-là se réclament, disent-ils, de l'Islam. C'est leur choix, c'est leur propre détermination. Dès lors, on ne saurait éluder pareille appartenance, qui est le premier moteur de leurs actions. D'autres qui se réclament tout autant de l'Islam, prétendent leur dénier ce droit. Mais c'est une affaire entre eux. Les faits sont là : des tueurs délirants tuent des femmes, des enfants, de hommes, des jeunes, des vieux, vendent des êtres humains, les brûlent, les décapitent… et veulent ainsi semer la terreur. À commencer par les gens d'Orient et d'Afrique… En ce compris, ceux qui se réclament du même Dieu et du même prophète. Ici, en Europe, ils procèdent un peu différemment, quoique le but soit le même : créer un climat de terreur et cultiver la haine. Ce sont des haineux… C'est évidemment une manière de faire qui relève de la propagande. Le pseudo-doktor Goebbels usait déjà de pareilles méthodes. À l'époque déjà, certains recommandaient le silence face à la menace pour ne pas l'aggraver. On a vu où cette pieuse attitude a mené le monde. Il n'y a donc pas lieu de taire les choses et il convient de dénoncer les tueurs et leur stratégie. 


Marco Valdo M.I. mon ami, je reviens un instant sur cette étrange hostilité qui les habite à l'égard de la liberté d'expression, dont ils pourraient user pour défendre leur point de vue. À croire que cette liberté est un danger mortel pour leur cause. 


Et pour cause… Elle l'est et ne peut que l'être pour des gens qui croient que – par exemple – la parole d'un Dieu est sacrée, ou l'image d'un prophète ou que sais-je encore. Cela dit, qu'ils le croient, ça les regarde. Mais ils veulent l'imposer aux autres et c'est là, Lucien l'âne mon ami, c'est là que le bât blesse. Ils ne sont – comme je l'ai évoqué plus haut – certes pas les premiers à vouloir enfoncer leurs croyances dans la tête des autres à coups de livres sacrés, de bâton, de marteau, d'épée, de fusil, de mitraillettes, au besoin en les torturant, les razziant, les assassinant. On a connu ça ici, pour le même genre de furie religieuse, il y a quelques siècles. Mais on avait réussi – plus ou moins, à calmer ce genre de prurit. 


Ton rappel historique m’inquiète, car il a fallu quand quelques centaines d'années pour en venir à bout – enfin, disons, à refréner quelque peu les ardeurs des prosélytes. Et tout de même, la chanson ? Parle-moi de la chanson…


Le fondement de cette chanson, c'est de mettre fin à cette valse du politiquement correct qui ne veut pas appeler un chat un chat et un islam, un islam. Les tueurs se réclament de l'Islam ; j'acte le fait. Mais duquel ? Cela dit, je ne suis pas en position et je ne le souhaite pas, de distinguer les diverses formes d'islam et leur plus ou moins grande pertinence islamique. Tout ce que je peux en dire, c'est que ces gens-là disent tirer leur cheminement de l'islam ; ils ont en eux comme une voix qui les interpelle et leur enjoint de tuer les infidèles. C'est du moins ce qu'ils prétendent. C'est ce que raconte le refrain : cette voix parle dans la tête des tueurs. Et la chanson entend bien mettre au ban, ces tueurs – ceux d'ici et ceux d'ailleurs. Voilà tout. 


Oui, dit Lucien l'âne en râpant le sol d'un sabot noir. Maintenant, dis-moi, comment l'as-tu construite ta chanson ? Il me semble que c'est une parodie, un genre que tu aimes. Il me semble reconnaître une chanson…


En effet, c'est une parodie. Elle est tirée d'une chanson qui eut son heure de gloire et qui fait encore bien rire aujourd'hui (à condition de l'écouter…), chanson qui elle-même était une parodie. Disons donc, une parodie au carré. Je m'explique. Moi, je suis parti de la chanson des Charlots ; une chanson intitulée : Sois érotique !, où il est question de Copenhague. Elle m'est revenue, car j'avais en tête déjà l'injonction : « Sois islamique ! ». Eussent-ils été catholiques, que le procédé aurait fonctionné aussi bien. Quant à la chanson des Charlots, c'est une parodie d'une chanson de Gainsbourg : Je t'aime, moi non plus. Deux chansons très érotiques… À partir de là, j'ai écrit et vite… Car je voulais qu'elle sorte encore aujourd'hui. 


Et tu as bien eu raison. Il n'est pas possible qu'on laisse les tueurs, ces guerriers de la foi poursuivre leurs méfaits sans réaction. Il y a des choses qui ne se font pas et ces manières-là d'assassins sont des choses qui ne sont font pas. Alors reprenons notre tâche et tissons le linceul de ce vieux monde trop religieux, trop croyant, trop guerrier et cacochyme.



Heureusement !



Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane.



Je ne sais pas ce qui arrive à la vie 
Depuis qu'ils ont flingué à Paris
L'humanité est en danger,
C'est un prophète qui les appelle
À massacrer les infidèles
M'est avis qu'ils sont vachement dérangés
Et pour un peu qu'on les taquine
Ils sortent en tirant leur doctrine.

Sois islamique, sois islamique,
Qu'Il dit, (Qu'Il dit)
Va tuer avec ton fusil (Han, han)
Va tuer avec tes amis (Han, han)
Sois islamique, sois islamique,
Qu'Il dit, (Qu'Il dit)
Et comme le prophète n'aime pas les blagues (Pas les blagues)
Ils remassacrent à Copenhague (À Copenhague)

On a tous pris un abonnement
Charlie est ressuscité maintenant
Depuis, les trucs qu'on bouquine
C'est rien que du sexe magazine,
Sous des prétextes diététiques
On fait de la cuisine hérétique
Et on se demande après manger
Si leur dieu n'est pas enragé. 

Sois islamique, sois islamique,
Qu'
Il dit, (Qu'Il dit)
V
a tuer avec ton fusil (Han, han)
V
a tuer avec tes amis (Han, han)
Sois 
islamique, sois islamique,
Qu'
Il dit, (Qu'Il dit)
Et 
comme le prophète n'aime pas les blagues (Pas les blagues) Ils remassacrent à Copenhague (À Copenhague)

Malgré leurs chantages menaçants
On continue à vivre tranquillement
Avec ça, il n'y a pas plus dévots
On abeau leur dire que c'est idiot
Ils ont des mœurs de plus en plus folles
Au moindre dessin, ils s'affolent.
Ils ne pensent pas, ils croient ;
Ils assassinent au nom de la foi.
.
Sois islamique, sois islamique,
Qu'
Il dit, (Qu'Il dit)
V
a tuer avec ton fusil (Han, han)
V
a tuer avec tes amis (Han, han)
Sois 
islamique, sois islamique,
Qu'
Il dit, (Qu'Il dit)
Et 
comme le prophète n'aime pas les blagues (Pas les blagues) 
Ils remassacrent


Sois islamique, sois islamique,
Qu'
Il dit, (Qu'Il dit)
V
a tuer avec ton fusil (Han, han)
V
a tuer avec tes amis (Han, han)
Sois 
islamique, sois islamique,
Qu'
Il dit, (Qu'Il dit)
Et 
comme le prophète n'aime pas les blagues (Pas les blagues) 
Ils remassacrent à Copenhague (À Copenhague)

lundi 2 février 2015

Les Chouettes Crucifiées

Les Chouettes Crucifiées

Chanson française – Les Chouettes Crucifiées – Marco Valdo M.I.– 2015











Mon ami Lucien l'âne, tu sais que le lendemain de leur assassinat par des déments – vrais cons cagoulés en vengeurs d'un quelconque prophète – les dessinateurs de Charlie avaient déjà empli le Paradis de dessins de bites… Il y en avait partout et selon la rumeur, le propriétaire des lieux aimait ça. Cette petite introduction pour te dire que si certains aiment dessiner des bites partout, il y en a d'autres qui veulent mettre des crucifix partout.


D'accord, j'en ai entendu parlé et puis, des bites, j'en ai déjà vues des tonnes. Note que des crucifix, depuis le temps que je me balade, j'en ai vu jusqu'à plus soif, jusqu'à l’écœurement. Alors, comme ton introduction est finie, accouche… N'y va pas par quatre chemins, dis ce que tu as à dire et fais-moi voir ta chanson, car je pense bien que celle-ci, tu l'as écrite…


Oui, je l'ai écrite aujourd'hui-même, après avoir mis en français un communiqué de nos amis de l'Uaar (L’UAAR, Unione degli Atei e degli Agnostici Razionalisti – Union des Athées et Agnostiques rationalistes), dont j'ai intitulé la version française : « L'affaire Coppoli ou la disparition des crucifix ». Et je pense bien que ce petit texte – version française t'amuserait beaucoup...


D'autant plus que c'est moi-même qui l'ai commenté. D'ailleurs, le voici :
Pour la version italienne, voir : Procedimento disciplinare per il professeur Coppoli, reo di aver rimosso i crocifissi (http://www.uaar.it/news/2015/01/28/procedimento-disciplinare-per-professor-coppoli-reo-aver-rimosso-crocifissi/)

L'affaire Coppoli

Ou la disparition des crucifix.

Ah, dit Lucien l'âne, vues d'Europe, ces nouvelles venant de l'Italie sont des plus surprenantes et ont tout l'air de venir d'un Catholand, où l'intégrisme semble la mesure de toutes choses. Pour un peu, on y retrouverait des bûchers et une sainte inquisition. On dirait un pays resté à la traîne de l'Histoire et nageant dans des relents moyenâgeux.
Voici encore l'exemple d'un laïque poursuivi en tant que tel ; poursuivi pour neutralité scolaire, pour défense de la laïcité de l'école, prévue par la Constitution...

Italiens, encore un effort pour devenir laïques !

Lucciano l'asino.

Note générale : L'asino Lucciano a l'habitude de commenter les traductions – en les interrompant par des réflexions exogènes. Ces escapades sont encadrées de parenthèses et ne reflètent que les émanations de cet esprit curieux.

Le Bureau scolaire régional pour l'Ombrie a convoqué, le 5 février prochain, en vue du débat contradictoire dans sa défense, le professeur Franco Coppoli, coupable d'avoir décroché les crucifix du mur de la classe où il enseigne à l'Istituto Tecnico Industriale et Geometri «  Allievi-Da Sangallo » de Terni.
Le Bureau des procédures disciplinaires reproche au professeur Coppoli, auquel l'Uaar prête une assistance légale, « le fait qui d'avoir décroché des murs de quatre classes dans lesquelles il donne cours les crucifix fixés par des vis et de la colle en provoquant des dommages aux murs pendant les heures de cours et que successivement toujours pendant les cours, il ait personnellement rebouché les trous ». [ Si je comprends bien, dit Lucien l'âne, on lui reproche d'avoir réparé les murs de l'école…] Le Bureau « met en évidence que les faits reprochés, les enlèvements des crucifix des salles, ont fait l'objet d'une précédente procédure disciplinaire à son encontre et que par conséquent ils constituent une récidive ».
Une nouvelle, communiquée le 9 janvier, à la quelle ressemble la sentence de la Cour d'Appel de Perugia qui, le 15 octobre passé, a repoussé le recours présenté par le professeur contre la sentence du Tribunal de Terni, de mars 2013, qui retenait inexistante la discrimination dénoncée par Coppoli et légitime la suspension de trente jours infligée pour avoir ôté des crucifix des salles de l'Institut professionnel « Alessandro Casagrande de Terni », où à l'époque il enseignait.
Les faits remontent à 2008 lorsque Coppoli refusa de rétablir les crucifix dans la salle de la classe III a — comme l'avait par contre décidé d'une assemblée de classe et ordonné le dirigeant de l'Institut — et fut pour cela suspendu pendant un mois de l'enseignement.
Pour la Cour d'Appel de Perugia, contre la sentence de laquelle Coppoli a annoncé qu'il présentera un recours en Cassation, « il ne semble pas qu'on puisse trouver de discrimination » car la « décision du dirigeant scolaire, concernant l'exposition de crucifix, étaient adressée pas seulement au professeur Coppoli, mais plutôt à tous les professeurs qui enseignaient dans la classe III a » [ quelle bande de faux culs, dit Lucien l'âne] et donc « ne comportaient pas de différence de traitement vis-à-vis de Coppoli par rapport à celui réservé aux autres enseignants ». La Cour d'Appel retient aussi que Coppoli n'avait pas de titre pour être victime de « supposée violation » des principes de bonne conduite et d'impartialité par l'administration publique et vis-à-vis de la laïcité de l'État puisque ceux-ci (les principes) « se réfèrent non pas à des droits subjectifs des individus, mais plutôt à des intérêts diffus, c'est-à-dire de la collectivité dans son ensemble » [ Évidemment, dit Lucien l'âne, c'est bien là le nœud du problème : soit on considère les gens comme des êtres doués de raison et d'une personnalité propre ; soit on les envisage comme les brebis d'un troupeau et on les traite en masse ou en collectivité… Ah, comme on peut le constater : ce bon vieux fascisme n'est pas mort… Bah, dit l'âne qui en a vu d'autres, ils avaient raison en 68 : Ce n'est qu'un début, continuons le combat !, qu'ils disaient.]. En se référant donc à la maintenant tristement célèbre sentence de 2011 de la Grande Chambre de la Cour européenne des droits de l'Homme, la Cour soutient que l'exposition du crucifix dans les lieux de travail « ne peut pas constituer un facteur tel à conditionner et comprimer la liberté de sujets adultes, doués, comme c'est le cas de l'appelant, d'un niveau d'instruction élevé et donc, supposé, doué d'un esprit critique plus détaché que celui de l'homme moyen, intellectuellement et culturellement moins équipé ». [ Mais en fait, la question n'est pas là, dit Lucien l'âne. Pour une personne moyennement douée de sensibilité, ce semi-nudiste, flottant dans l'air tenu par les bras à une croix, donne la nausée… Il est carrément morbide et ne devrait en aucun cas être mis sous les yeux des personnes sensibles, des femmes enceintes et des enfants. La crucifixion à l'instar du pal, n'était pas, me semble-t-il, une partie de plaisir [ sauf peut-être, pour certains adeptes de séances spéciales] et véritablement, si je me souviens bien de la chose, la crucifixion était quand même censée être une séance de tortures… Comme disent les jeunes, c'est un spectacle assez « gore ». Par exemple, juste pour comprendre : Essayez de crucifier, ne fût-ce qu'un lapin dans une classe, évidemment dans la bonne intention de faire comprendre comment fonctionne une crucifixion et les souffrances que l'on inflige à tout crucifié généralement quelconque, fût-il lapin, chien, chat, chauve-souris (ça se fait dans le campagnes…), ou fils de n'importe qui … On criera à l'horreur, au sadisme, à la violence intolérable, on l'interdira dans l'intérêt des enfants, pour les protéger de cette ignominie ; on vous poursuivra en justice ; alors, pensez, tout un homme, même barbu, même en slip. Eh bien, non ! En Catholand, on fait l'inverse. On prône la crucifixion publique comme moyen d'instruction ! Mais bien entendu, pas d'expérimentation sur ces pauvres lapins, chiens, chats, chauves souris… Même pas sur l'homme en slip… Juste une figuration… Un totem.]

« Encore aujourd'hui — commente l'Uaar — chercher à enseigner ou à exercer son activité ouvrable en des lieux publics connotés de l'un ou l'autre symbole religieux est difficile et lourd. Il suffit de penser à l'affaire du juge Luigi Tosti, à celle du prof. Davide Zotti et à celle où est impliqué le prof. Franco Coppoli, le chemin des droits civils et de la laïcité de l'État, dans notre Pays [ l'Italie], est encore en montée, mais l'Uaar est et sera un instrument de tutelle [ comprendre : aide et protection] et de solidarité concrète dans ces importantes batailles civiles ». – Fin de « l'Affaire Coppoli. »


Donc, Lucien l'âne mon ami au regard si noir, voilà, mon point de départ : cette affaire Coppoli, dont tu as dit tout le bien qu'on peut en penser. Mais moi, comme tu le sais, j'ai la foutue manie de faire des chansons – tout ça à cause des Chansons contre la Guerre, comme je l'ai déjà raconté. Alors, forcément, j'ai fait une chanson. En fait,dans cette chanson, deux parties s'expriment : Ceux qui croyaient au crucifix ; ceux qui n'y croient pas et le trouvent vraiment dérangeant. Elles s'expriment alternativement. Les premiers concluent chaque quatrain par un refrain disons « évangélique » :

« Petits enfants, si vous croyez,
Bientôt, avec lui, vous serez. »

Les seconds, mal-pensants, mécréants, assez proches finalement du Christ de la Cathédrale d'Amiens de Clovis Trouille, lequel Christ était descendu de sa croix et se marrait de voir l'église… s'expriment après chacun de leur quatrain par un refrain qui refuse le crucifix :

« Pas de crucifix, mes amis,
Pas de crucifix, ici. »

Mais, contrairement à toutes les attentes, comme dans les meilleurs films, il y a un « happy end » :

« c'est Jésus-Christ
Qui crie « Marre du crucifix »... »


On le comprend, ce Jésus, dit Lucien l'âne. Moi aussi, j'en aurais marre de rester sur ce machin et en plus à des milliers d'exemplaires… Je n'aimerais pas qu'on me fasse ce coup-là et qu'on se paie ainsi ma fiole. Mais je te signale qu'il l'avait déjà fait savoir par Léo Ferré :
« Mais peut-être qu'un jour le crucifié
Lâchera ses clous et ses épines
Sa rédemption et tout le paquet
Et viendra gueuler dans nos ruines

Y en a marre... Y en a marre...
Y en a marre ... »


Cette fois-ci, dit Marco Valdo M.I. en souriant, il faut le constater, ce n'est plus hypothétique, il le dit nettement : « Marre du crucifix ».


Et bien, si tu me disais ta chanson maintenant, ça me plairait bien de la découvrir et ensuite, on recommencera à tisser le linceul de ce vieux monde plein de totems, de prophètes et de crucifix, arrosé d'eaux bénites, théophagique et cacochyme.



Heureusement !



Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane.



Regardez comme il est beau,
On dirait un grand oiseau.
C'est un fier aviateur,
Son père est un grand créateur.

Petits enfants, si vous croyez,
Bientôt, avec lui, vous serez.

Quel est donc cet oiseau de malheur ?
Accroché à cette croix,
Il a l'air en mauvais état.
Rien qu'à le voir, on a mal au cœur.

Pas de crucifix, mes amis,
Pas de crucifix, ici.

C'est un supplicié ; on aurait pu l'écarteler
On aurait pu l'empaler, le mettre sur un bûcher
Ou tout simplement, comme tant d'autres, le gazer
Mais voilà, on l'a crucifié.

Petits enfants, si vous croyez,
Bientôt, avec lui, vous serez.

Encore aujourd'hui dans nos hameaux,
On crucifie les oiseaux
On trouve les chouettes crucifiées
Sur la porte des granges martyrisées.

Pas de crucifix, mes amis,
Pas de crucifix, ici.

C'est de la superstition
Disent les gens des processions
Qui portent à bout de bras,
En cortège, des christs en croix.

Petits enfants, si vous croyez,
Bientôt, avec lui, vous serez.

Les grands esprits civilisés
Se moquent des totems
Des autres divinités.
Ils les brûlent, ils les détruisent même.

Pas de crucifix, mes amis,
Pas de crucifix, ici.

Il multiplie les pains, un vrai boulanger.
Il marche sur l'eau, il aime les enfants.
On peut boire son sang ;
On peut le manger.

Petits enfants, si vous croyez,
Bientôt, avec lui, vous serez.

Qui est ce type en slip au-dessus du tableau ?
On dirait qu'il va s'envoler là-haut.
On dirait qu'il est tout nu,
On voit presque le trou de son cul.

Qui est ce type en slip au-dessus du tableau ?
Il est triste et pas rigolo...
Ce mec-là, c'est Jésus-Christ
Qui crie « Marre du crucifix »...

Pas de crucifix, mes amis,
Pas de crucifix, ici.
Pas de crucifix, mes amis,
Pas de crucifix, ici.
Pas de crucifix, mes amis,
Pas de crucifix, ici.
Pas de crucifix, mes amis,
Pas de crucifix, ici. …..