L'affaire Coppoli
Ou
la disparition des crucifix.
Pour
la version italienne : Procedimento
disciplinare per il professeur Coppoli, reo di aver rimosso i
crocifissi
Communiqué
de presse Uaar : 28 janvier 2015
CHOUETTE CRUCIFIÉE |
Ah,
dit Lucien l'âne, vues d'Europe, ces nouvelles venant de l'Italie
sont des plus surprenantes et ont tout l'air de venir d'un Catholand,
où l'intégrisme semble la mesure de toutes choses. Pour un peu, on
y retrouverait des bûchers et une sainte inquisition. On dirait un
pays resté à la traîne de l'Histoire et nageant dans des relents
moyen-âgeux.
Voici
encore un exemple d'un laïque poursuivi en tant que tel ;
poursuivi pour neutralité scolaire, pour défense de la laïcité de
l'école, prévue par la Constitution...
Italiens,
encore un effort pour devenir laïques !
Lucciano
l'Asino.
Note
générale : L'Asino Lucciano a l'habitude de commenter les
traductions – en les interrompant par des réflexions exogènes.
Ces escapades sont encadrées de parenthèses et ne reflètent que
les émanations de cet esprit curieux.
Le
Bureau scolaire régional pour l'Ombrie a convoqué, le 5 février
prochain, en vue du contradictoire dans sa défense, le professeur
Franco Coppoli, coupable d'avoir décroché les crucifix du mur de la
classe où il enseigne à l'Istituto Tecnico Industriale et Geometri
« Allievi-Da Sangallo » de Terni.
Le
Bureau des procédures disciplinaires reproche au professeur Coppoli,
auquel l'Uaar prête une assistance légale, « le fait qui
d'avoir décroché des murs de quatre classes dans lesquelles il
donne cours les crucifix fixés par des vis et de la colle en
provoquant des dommages aux murs pendant les heures de cours et que
successivement toujours pendant les cours, il ait personnellement
rebouché les trous ». [ Si je comprends bien, dit Lucien
l'âne, on lui reproche d'avoir réparé les murs de l'école…] Le
Bureau « met en évidence que les faits reprochés, les
enlèvements des crucifix des salles, ont fait l'objet d'une
précédente procédure disciplinaire à son encontre et que par
conséquent ils constituent une récidive ».
Une
nouvelle, communiquée le 9 janvier, à la quelle ressemble la
sentence de la Cour d'Appel de Perugia qui, le 15 octobre passé, a
repoussé le recours présenté par le professeur contre la sentence
du Tribunal de Terni, de mars 2013, qui retenait inexistante la
discrimination dénoncée par Coppoli et légitime la suspension de
trente jours infligée pour avoir ôté des crucifix des salles de
l'Institut professionnel « Alessandro Casagrande de Terni »,
où à l'époque il enseignait.
Les
faits remontent à 2008 lorsque Coppoli refusa de rétablir les
crucifix dans la salle de la classe III a — comme l'avait par
contre décidé d'une assemblée de classe et ordonné le dirigeant
de l'Institut — et fut pour cela suspendu pendant un mois de
l'enseignement.
Pour
la Cour d'Appel de Perugia, contre la sentence de laquelle Coppoli a
annoncé qu'il présentera un recours en Cassation, « il ne
semble pas qu'on puisse trouver de discrimination » car la
« décision du dirigeant scolaire, concernant l'exposition de
crucifix, étaient adressée pas seulement au professeur Coppoli,
mais plutôt à tous les professeurs qui enseignaient dans la classe
III a » [ quelle bande de faux culs, dit Lucien l'âne ] et
donc « ne comportaient pas de différence de traitement
vis-à-vis de Coppoli par rapport à celui réservé aux autres
enseignants ». La Cour d'Appel retient aussi que Coppoli
n'avait pas de titre pour être victime de « supposée
violation » des principes de bonne conduite et d'impartialité
par l'administration publique et vis-à-vis de la laïcité de l'État
puisque ceux-ci (les principes) « se réfèrent non pas à des
droits subjectifs des individus, mais plutôt à des intérêts
diffus, c'est-à-dire de la collectivité dans son ensemble » [
Évidemment, dit Lucien l'âne, c'est bien là le nœud du problème :
soit on considère les gens comme des êtres doués de raison et
d'une personnalité propre ; soit on les envisage comme les
brebis d'un troupeau et on les traite en masse ou en collectivité…
Ah, comme on peut le constater : ce bon vieux fascisme n'est pas
mort… Bah, dit l'âne qui en a vu d'autres, ils avaient raison en
68 : Ce n'est qu'un début, continuons le combat !, qu'ils
disaient.]. En se référant donc à la maintenant tristement célèbre
sentence de 2011 de la Grande Chambre de la Cour européenne des
droits de l'Homme, la Cour soutient que l'exposition du crucifix dans
les lieux de travail « ne peut pas constituer un facteur tel à
conditionner et comprimer la liberté de sujets adultes, doués,
comme c'est le cas de l'appelant, d'un niveau d'instruction élevé
et donc, supposé, doué d'un esprit critique plus détaché que
celui de l'homme moyen, intellectuellement et culturellement moins
équipé ». [ Mais en fait, la question n'est pas là, dit
Lucien l'âne. Pour une personne moyennement douée de sensibilité,
ce semi-nudiste, flottant dans l'air tenu par les bras à une croix,
donne la nausée… Il est carrément morbide et ne devrait en aucun
cas être mis sous les yeux des personnes sensibles, des femmes
enceintes et des enfants. La crucifixion, à l'instar du pal, n'était
pas, me semble-t-il, une partie de plaisir [ sauf peut-être, pour
certains adeptes de séances spéciales] et véritablement, si je me
souviens bien de la chose, la crucifixion était quand même censée
être une séance de tortures… Comme disent les jeunes, c'est un
spectacle assez « gore ». Par exemple, juste pour
comprendre : Essayez de crucifier, ne fût-ce qu'un lapin dans
une classe, évidemment dans la bonne intention de faire comprendre
comment fonctionne une crucifixion et les souffrances que l'on
inflige à tout crucifié généralement quelconque, fût-il lapin,
chien, chat, chauve-souris (ça se fait dans le campagnes…), ou
fils de n'importe qui … On criera à l'horreur, au sadisme, à la
violence intolérable, on l'interdira dans l'intérêt des enfants,
pour les protéger de cette ignominie ; on vous poursuivra en
justice ; alors, pensez, tout un homme, même barbu, même en
slip. Eh bien, non ! En Catholand, on fait l'inverse. On prône
la crucifixion publique comme moyen d'instruction ! Mais bien
entendu, pas d'expérimentation sur ces pauvres lapins, chiens,
chats, chauves souris… Même pas sur l'homme en slip… Juste une
figuration… Un totem.]
« Encore
aujourd'hui — commente l'Uaar — chercher à enseigner ou à
exercer son activité ouvrable en des lieux publics connotés de l'un
ou l'autre symbole religieux est difficile et lourd. Il suffit de
penser à l'affaire du juge Luigi Tosti, à celle du prof. Davide
Zotti et à celle où est impliqué le prof. Franco Coppoli, le
chemin des droits civils et de la laïcité de l'État, dans notre
Pays [ l'Italie], est encore en montée, mais l'Uaar est et sera un
instrument de tutelle [ comprendre : aide et protection] et de
solidarité concrète dans ces importantes batailles civiles ».
Communiqué de presse Uaar
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