L'ÉCOLE
ET L'ÉTAT
UAAR
- RENZI ET L' ÉCOLE : ANNONCES PUBLIQUES ET VICES PRIVÉS
(extr. de "La Page des Blogs" de "MicroMega") 9 juillet 2014
(extr. de "La Page des Blogs" de "MicroMega") 9 juillet 2014
http://blog-micromega.blogautore.espresso.repubblica.it/2014/07/09/uaar-renzi-e-la-scuola-annunci-pubblici-e-vizi-privati/http://asinonuovo.blogspot.com/2014/08/lecole-et-letat.html
Un
des amis d'Albi (Action laïque Belgo-italienne) a eu la bonne idée
de traduire le blog-édito de l' UAAR - Union des Athées et des
Agnostiques Rationalistes, publié dans la revue Micro-Mega.
L'Asino
nuovo relaie ces éditos laïques en provenance d'Italie, traduits
par Pierre Steenhout.
Dans
les premiers pas de l'âne ressuscité, il y avait une traduction du
discours
de Piero Calamandrei sur l'école publique et les dangers et la
stupidité pour une nation, pour un État, de subventionner une école
privée – qu'on l'appelle libre ou catholique, n'y change
strictement rien.
L’enseignement
et l'éducation est un fait de société, un instrument public pour
former la base commune d'une collectivité, et dès lors, est une
nécessité sociale, forcément indépendante des convictions
privées. Il y a donc une absurdité – en tous cas – dans ce
domaine à détourner les fonds publics vers des entités privées et
pire encore, un tel détournement est une nuisance en termes de
construction d'une société dont tous les membres ont les mêmes
droits et devraient disposer de fondements communs – le reste
venant en dehors dans la sphère privée.
En
laissant se développer un enseignement privé et a fortiori en
détournant les fonds publics – si nécessaires à l'enseignement
commun – au profit d'un réseau privé non seulement, on provoque
un immense gaspillage d'argent et d'énergie, mais en plus, on casse
toute possibilité de créer un socle commun sur lequel fonder le
consensus social minimal.
Les
promoteurs d'un enseignement catholique prétendent qu'il y a une
façon catholique de voir le monde et de l'enseigner... Un peu comme
s'il y avait une « langue catholique » différente de la
langue du reste de la société – ce fut d'ailleurs le cas du
latin, mais la tentative a failli. Certes, on peut accepter cette
hypothèse d'une manière catholique de penser, de dire et
d'enseigner ; mais précisément, c'est bien là le problème...
Qu'il y ait une vision catholique des choses, soit. Mais elle ne
saurait prendre le pas la conception commune d'une société humaine
qui – elle – n'est pas « a priori » catholique. Sauf
à recréer une théocratie ou une « papocratie »... Ce
qui est peut-être le but final de l'Église et qui certainement, l'a
été.
On
me dira et je le sais que l'Italie, alias Catholand, Catholie...
n'est pas la seule dans le cas. Que d'autres pays en Europe et dans
le monde... Fort bien, c'est même la raison pour laquelle l'âne
porte tant d'attention à ce qui se passe là-bas en Italie. Pour le
reste, Dieu reconnaît les siens... Nous aussi. Donc, mutatis
mutandis, ce qui se dira ici de l'Italie sous domination catholique
vaudra pour d'autres pays, États, nations, communautés... sous
domination catholique ou sous la domination de quelque autre religion
que ce soit. Là aussi, chacun se reconnaîtra.
Voici
donc l'Asino dans la position de Montesquieu, lequel écrivit des
Lettres Persanes afin de parler de la France - notamment.
Tout
ça pour introduire et commenter l'éditorial de Raffaele Carcano,
secrétaire de l' UAAR - Union des Athées et des Agnostiques
Rationalistes (UAAR) d'Italie, publié dans le blog UAAR sur
l'excellente revue italienne Micro-Mega (avec un titre pareil, on ne
saurait exclure un certain tempérament voltairien...)
UAAR
- Renzi et l' école : annonces publiques et vices privés
Après Berlusconi, Alfano a lui aussi ouvert la voie à une loi qui reconnaît les unions civiles entre gays. Une confirmation que le climat a changé : être "clérical" n'est plus à la mode, cela ne se porte plus. Le changement porte, cependant, en soi, un effet collatéral non désiré : la privatisation du cléricalisme. On continue à cultiver le vice dans l'ombre, avec l'avantage - ce n'est pas récent - qu'il n'est plus avoué. On le cultive avec son confesseur.
J'ai envie de le penser, quand je lis certaines nouvelles de ces derniers jours. Grande importance donnée au projet de constructions scolaires, voulu par Renzi. Annonces ronflantes : on dépensera plus d'un milliard pour effectuer des travaux dans une école sur deux. Les travaux ont été, avec beaucoup d'imagination, répartis en trois catégories : "écoles neuves" - "écoles sûres" - "écoles belles". Tout cela est bien beau, en effet. Il semble qu'il y ait même une couverture financière.
Entre-temps, toutefois, le gouvernement a, étrangement, oublié (nonobstant des paroles rassurantes) la possibilité d'obtenir le "Huit pour Mille", qui est de la compétence de l'État. La date limite, pour les Municipalités, pour présenter les demandes, est le 30 septembre, mais le règlement n'est pas encore sorti, et aucune publicité n'a été faite au sujet de la possibilité d'en utiliser une partie pour les constructions scolaires, comme l' UAAR l'a demandé. Le temps des déclarations de revenus est passé, désormais, pour tout le monde : une occasion gâchée. C'est tout à l'avantage des choix en faveur de l’Église catholique, "rivale de l’État, avec laquelle l’État ne veut pas rivaliser.
De son côté, le 26 juin, le Ministère de l’Économie et des Finances a promulgué un décret par lequel il dispense, dans les faits, les écoles catholiques du payement de l' IMU (Impôt Municipal sur l'Immobilier) et de la TASI (Nouvelle Taxe sur les Services Municipaux). Ce n'est pas écrit explicitement, cela passerait mal. On a caché entre les "plis" du règlement, le fait que pour faire profiter de l'exemption, on a introduit un seuil de "frais de scolarité" par tête, à ne pas dépasser. Et qui ne sera pas dépassé : à part celles pour les enfants de VIP qui apprécient qu'on leur fasse payer des frais monstrueux, une grande partie des autres écoles privées (pour deux tiers, des catholiques) se situent en dessous. Et le petit nombre qui ne s'y trouve pas les baisseront juste sous la barre. L'une ou l'autre les relèveront à peu près jusqu' à la barre. Le jeu en vaut la chandelle allumée pour saint Mathieu.
Un règlement non approuvé, oublié de tous, un nouveau règlement obscur caché à beaucoup. Ils ont honte de leurs vices privés, et ils font tout pour les dissimuler. La ministre de l' Instruction (qui, désormais, n'est plus "publique"), Stefania Giannini, ne se comporte pas différemment. Qui a adopté une variante : faire passer son propre vice pour une vertu différente. Le problème est qu'il est difficile, vraiment difficile, de confondre un ivrogne avec un sommelier. La ministre, abandonnée par les électeurs, erre, comme une âme en peine, dans les sept églises, ou plutôt dans les sept "mass media" catholiques (Radio Vaticana, Tv 2000, Tempi...), répétant que "l' école privée fait épargner, à l’État, six milliards, chaque année. Simple amplification de la vulgate catholique, qui ne tient pas debout et, même, a été déjà démentie par la "Fondation Agnelli".
Dans le livre "Sa Sainteté", Gianluigi Nuzzi a révélé les relations secrètes entre le gouvernement Berlusconi et les sommets de sa hiérarchie (celle de l'Église catholique, évidemment - ndr), pour ne pas faire payer l' ICI (Taxe sur les biens immeubles) à l’Église. Les gouvernements changent, les papes changent, même les taxes changent, mais la musique reste toujours la même : le Pantalon paie, la Soutane non. Les hiérarchies ecclésiastiques semblent disposées à tolérer n'importe quelle loi désagréable, mais elles ne veulent, en aucune façon, renoncer à délester de plusieurs milliards, chaque année, les caisses publiques épuisées. Pour les évêques, il ne reste que peu de valeurs non négociables : les valeurs mobilières.
Raffaele Carcano, secrétaire de l' UAAR - Union des Athées et des Agnostiques Rationalistes
(9 juillet 2014)
N° 5
Après Berlusconi, Alfano a lui aussi ouvert la voie à une loi qui reconnaît les unions civiles entre gays. Une confirmation que le climat a changé : être "clérical" n'est plus à la mode, cela ne se porte plus. Le changement porte, cependant, en soi, un effet collatéral non désiré : la privatisation du cléricalisme. On continue à cultiver le vice dans l'ombre, avec l'avantage - ce n'est pas récent - qu'il n'est plus avoué. On le cultive avec son confesseur.
J'ai envie de le penser, quand je lis certaines nouvelles de ces derniers jours. Grande importance donnée au projet de constructions scolaires, voulu par Renzi. Annonces ronflantes : on dépensera plus d'un milliard pour effectuer des travaux dans une école sur deux. Les travaux ont été, avec beaucoup d'imagination, répartis en trois catégories : "écoles neuves" - "écoles sûres" - "écoles belles". Tout cela est bien beau, en effet. Il semble qu'il y ait même une couverture financière.
Entre-temps, toutefois, le gouvernement a, étrangement, oublié (nonobstant des paroles rassurantes) la possibilité d'obtenir le "Huit pour Mille", qui est de la compétence de l'État. La date limite, pour les Municipalités, pour présenter les demandes, est le 30 septembre, mais le règlement n'est pas encore sorti, et aucune publicité n'a été faite au sujet de la possibilité d'en utiliser une partie pour les constructions scolaires, comme l' UAAR l'a demandé. Le temps des déclarations de revenus est passé, désormais, pour tout le monde : une occasion gâchée. C'est tout à l'avantage des choix en faveur de l’Église catholique, "rivale de l’État, avec laquelle l’État ne veut pas rivaliser.
De son côté, le 26 juin, le Ministère de l’Économie et des Finances a promulgué un décret par lequel il dispense, dans les faits, les écoles catholiques du payement de l' IMU (Impôt Municipal sur l'Immobilier) et de la TASI (Nouvelle Taxe sur les Services Municipaux). Ce n'est pas écrit explicitement, cela passerait mal. On a caché entre les "plis" du règlement, le fait que pour faire profiter de l'exemption, on a introduit un seuil de "frais de scolarité" par tête, à ne pas dépasser. Et qui ne sera pas dépassé : à part celles pour les enfants de VIP qui apprécient qu'on leur fasse payer des frais monstrueux, une grande partie des autres écoles privées (pour deux tiers, des catholiques) se situent en dessous. Et le petit nombre qui ne s'y trouve pas les baisseront juste sous la barre. L'une ou l'autre les relèveront à peu près jusqu' à la barre. Le jeu en vaut la chandelle allumée pour saint Mathieu.
Un règlement non approuvé, oublié de tous, un nouveau règlement obscur caché à beaucoup. Ils ont honte de leurs vices privés, et ils font tout pour les dissimuler. La ministre de l' Instruction (qui, désormais, n'est plus "publique"), Stefania Giannini, ne se comporte pas différemment. Qui a adopté une variante : faire passer son propre vice pour une vertu différente. Le problème est qu'il est difficile, vraiment difficile, de confondre un ivrogne avec un sommelier. La ministre, abandonnée par les électeurs, erre, comme une âme en peine, dans les sept églises, ou plutôt dans les sept "mass media" catholiques (Radio Vaticana, Tv 2000, Tempi...), répétant que "l' école privée fait épargner, à l’État, six milliards, chaque année. Simple amplification de la vulgate catholique, qui ne tient pas debout et, même, a été déjà démentie par la "Fondation Agnelli".
Dans le livre "Sa Sainteté", Gianluigi Nuzzi a révélé les relations secrètes entre le gouvernement Berlusconi et les sommets de sa hiérarchie (celle de l'Église catholique, évidemment - ndr), pour ne pas faire payer l' ICI (Taxe sur les biens immeubles) à l’Église. Les gouvernements changent, les papes changent, même les taxes changent, mais la musique reste toujours la même : le Pantalon paie, la Soutane non. Les hiérarchies ecclésiastiques semblent disposées à tolérer n'importe quelle loi désagréable, mais elles ne veulent, en aucune façon, renoncer à délester de plusieurs milliards, chaque année, les caisses publiques épuisées. Pour les évêques, il ne reste que peu de valeurs non négociables : les valeurs mobilières.
Raffaele Carcano, secrétaire de l' UAAR - Union des Athées et des Agnostiques Rationalistes
(9 juillet 2014)
N° 5
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