jeudi 21 janvier 2016

ALORS LE MONDE FINIRA

ALORS LE MONDE FINIRA


Version française – ALORS LE MONDE FINIRA – Marco Valdo M.I. – 2016
Chanson italienne – Allora il mondo finirà  Francesco Guccini – 1967



quand tu comprendras
Que seul en ce monde, tu n’es pas
Et qu’un jour, tu le quitteras.





Petite introduction de Lucien Lane.

Every one of us is, in the cosmic perspective, precious. If a human disagrees with you, let them live. In a hundred billion galaxies, you will not find another.” 
~ Carl Sagan, Cosmos
http://astronomicalwonders.tumblr.com/post/117181220640/every-one-of-us-is-in-the-cosmic-perspective

« Chacun de nous est, dans la perspective cosmique, précieux. Si un humain est en désaccord avec vous, laissez-le vivre. Dans cent milliards de galaxies, vous n’en trouverez pas un autre ».

Quoique si vous rencontrez Hitler ou Mussolini… N’hésitez pas, tuez-le. Car, dans cent milliards de galaxies, vous n’en trouverez pas un autre. »
Du moins, il faut l’espérer, dit Lucien l’âne.





Ce n’est pas un nouveau morceau, seulement une reprise du disque Folk beat n°1 de Guccini, et il fait référence à une apocalypse nucléaire, déjà présente dans autres morceaux de cet album :
L’atomica cinese (L’atomique chinoise) et Noi non ci saremo (Nous n’y serons pas), et puis, Il vecchio e il bambino (Le vieux et l’enfant) tiré de son album Radici.



Francesco Guccini avait inséré dans son disque Folk beat n°1 de 1967 (la date a son importance) d’autres chansons de la même veine. Mais il n’était pas le premier, ni le dernier à le faire ; il suffit de se reporter à la liste des chansons antinucléaires relevées par les Chansons contre la Guerre. Ceci m’amène à l’idée suivante : le spectre d’une guerre nucléaire hantait les années qui suivirent le milieu du siècle dernier. On craignait « la bombe », on craignait « la guerre », de préférence mondiale. C’était un temps où il y avait de grandes manifestations [[47061]], un temps où on construisait des abris antinucléaires. Puis, le curseur s’était doucement déplacé et vînt le temps des luttes contre les centrales nucléaires. Et le temps continue à passer. À l’heure actuelle, même si la pression populaire se maintient pour l’abandon du nucléaire civil, on ne connaît plus et depuis longtemps, dans nos pays, de manifestations de grande ampleur contre la guerre nucléaire. Cependant, la menace est toujours là et sans doute, plus grave qu’auparavant, en raison de la multiplication des bombes et des détenteurs de bombes.


Je me demande bien pourquoi, dit Lucien l’âne. Sans doute, les gens se sont faits à l’idée et ont, en quelque sorte, refoulé leur peur.


En fait, ces mouvements de foule se fondent principalement sur l’émotion et comme elle, ils sont dès lors sujets à des variations d’humeur et d’intensité. Ils ne sont absolument pas rationnels, même si on peut leur trouver des raisons rationnelles et des bonnes. L’émotion qui y préside sort du même terreau que celui qui nourrit la crainte de la mort.


Si tant est qu’on en ait peur, car rationnellement, il n’y a aucune raison de craindre la mort. Au contraire, dans bien des cas, on peut être amené à y aspirer. On peut aussi bien trouver dommage de mourir quand on a une vie passionnante, ou une vie qu’on aime, tout simplement. On peut en détester l’idée et surtout, on peut craindre la douleur. Mais la mort elle-même (individuelle, en groupe, tous ensemble, tous ensemble…) quand elle survient, on a à peine le temps (si on l’a) de l’apprécier. Boris Vian disait :
« Je voudrais pas crever
Avant d’avoir goûté
La saveur de la mort
 » 


Donc, par peur de la mort, on refoule la pensée, car autrement pour celui qui la craint, il n’y a pas moyen de vivre tranquille. Or, la pensée est le seul moyen d’accéder à la compréhension de ce mécanisme émotionnel qui provoque et développe l’angoisse, cette peste émotionnelle.


Comme tu le soulignes, les mouvements de foule fondés sur l’émotion varient et comme elle, ils sont éphémères. Une émotion chasse l’autre. C’est le même phénomène (et ils sont d’ailleurs liés) que dans le domaine de l’information médiatisée. Cent mille morts ici, cent millions de crève-la-faim là, un massacre ce matin, un attentat cet après-midi, une tornade ce soir… À l’infini.


On passe sans cesse de l’un à l’autre. C’est pour ça qu’on parle de « nouvelles ». Des « nouvelles » anciennes, c’est comme du poisson périmé. Le public n’en veut plus. C’est souvent même devenu une question de secondes. On zappe !


Bien sûr ! Et c’est la grandeur des Chansons contre la Guerre de travailler dans la durée et sur la durée. Prenons cette chanson de Francesco Guccini ; elle aurait  sombrer dans l’oubli ; elle aurait pu être seulement un morceau sur un disque oublié, comme des centaines de milliers, des millions, si pas des milliards d’autres morceaux égarés sur des disques périmés. Mais voilà, on la reprend et on réactualise son propos. Lequel propos est toujours approprié ; il durera ce que durera l’humanité, à qui on peut attacher ce vers de Malherbe :
« ...elle a vécu ce que vivent les roses, l’espace d’un matin ».
Et Cassandre, même si elle avait raison trop tôt (on ne saurait lui reprocher), avait tout simplement raison. Et ici, Francesco Guccini a raison, absolument raison :
« l’humanité 
En poussière retournera  
Et pour l’éternité. 
Alors le monde finira. »

À condition évidemment de s’entendre sur le mot « monde » ; par exemple, en lui faisant désigner la Terre, ou le système solaire, ou la galaxie… Mais si on entend par monde, disons pour simplifier, l’ensemble des univers (visible, invisible), le cosmos… Alors, Guccini a tort, celui-là est infini.


Si « l’humanité en poussière retournera », alors, c’est pareil pour toutes les espèces (ânes, y compris) et pour la Terre elle-même. C’est juste un question de patience. Poussez pas, chacun son tour. En attendant, la seule chose raisonnable est de vivre, vivre, vivre… à petits pas d’âne pour moi, sans trop se tracasser, en sachant ce qu’il en est et en tentant à la mesure de nos forces, avant qu’il ne soit trop tard, de tisser le linceul de ce vieux monde mortel, mortifère, morticole et cacochyme.


Heureusement !

Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane



Un jour, le ciel s’ouvrira
Et l’air feu deviendra
Et la lune flambera
Et sur la terre tombera.

Lorsque la poussière sera
La seule chose qui vivra
Et ne se trouveront
Plus traces de notre civilisation.

Quand s’écrouleront les villes,
Aucun homme ne pourra 
Arrêter la main qui effacera
L’humanité fragile.
Alors le monde finira.

Dis-moi ce qui se passera
Quand une main poussera
Sur un seul petit bouton.
Quand une seule explosion,
Le monde entier balayera.

Mais dis-moi, à quoi servit
Ta fausseté étudiée
Et le mensonge dont tu vis
Comme si c’était la vérité.

Peux-tu me dire en quoi t’a aidé
La fausse paix que t’a donnée
L’hypocrisie que tu as cultivée
Depuis les âges les plus reculés ?

Alors le monde finira.

Arrête-toi homme avant
Qu’un autre dément
Pousse un bouton
Et que l’explosion
Tue tout ce qui est vivant.

Mais dis-moi quand disparaîtra
Ton égoïsme et quand tu comprendras
Que seul en ce monde, tu n’es pas
Et qu’un jour, tu le quitteras.

Car sous peu viendra
Le jour où l’humanité
En poussière retournera 
Et pour l’éternité.

Alors le monde finira.


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