ALORS LE MONDE FINIRA
Version française – ALORS LE MONDE FINIRA – Marco Valdo M.I. – 2016
Chanson italienne – Allora il mondo finirà – Francesco Guccini – 1967
quand tu comprendras
Que seul en ce monde, tu n’es pas
Et qu’un jour, tu le quitteras.
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Petite introduction de Lucien Lane.
“Every one of us is, in the cosmic perspective, precious. If a human disagrees with you, let them live. In a hundred billion galaxies, you will not find another.”
~ Carl Sagan, Cosmos
~ Carl Sagan, Cosmos
http://astronomicalwonders.tumblr.com/post/117181220640/every-one-of-us-is-in-the-cosmic-perspective
Quoique si vous rencontrez Hitler ou Mussolini… N’hésitez pas, tuez-le. Car, dans cent milliards de galaxies, vous n’en trouverez pas un autre. »
Du moins, il faut l’espérer, dit Lucien l’âne.
L’atomica cinese (L’atomique chinoise) et Noi non ci saremo (Nous n’y serons pas), et puis, Il vecchio e il bambino (Le vieux et l’enfant) tiré de son album Radici.
Francesco Guccini avait inséré dans son disque Folk beat n°1 de 1967 (la date a son importance) d’autres chansons de la même veine. Mais il n’était pas le premier, ni le dernier à le faire ; il suffit de se reporter à la liste des chansons antinucléaires relevées par les Chansons contre la Guerre. Ceci m’amène à l’idée suivante : le spectre d’une guerre nucléaire hantait les années qui suivirent le milieu du siècle dernier. On craignait « la bombe », on craignait « la guerre », de préférence mondiale. C’était un temps où il y avait de grandes manifestations [[47061]], un temps où on construisait des abris antinucléaires. Puis, le curseur s’était doucement déplacé et vînt le temps des luttes contre les centrales nucléaires. Et le temps continue à passer. À l’heure actuelle, même si la pression populaire se maintient pour l’abandon du nucléaire civil, on ne connaît plus et depuis longtemps, dans nos pays, de manifestations de grande ampleur contre la guerre nucléaire. Cependant, la menace est toujours là et sans doute, plus grave qu’auparavant, en raison de la multiplication des bombes et des détenteurs de bombes.
Je me demande bien pourquoi, dit Lucien l’âne. Sans doute, les gens se sont faits à l’idée et ont, en quelque sorte, refoulé leur peur.
En fait, ces mouvements de foule se fondent principalement sur l’émotion et comme elle, ils sont dès lors sujets à des variations d’humeur et d’intensité. Ils ne sont absolument pas rationnels, même si on peut leur trouver des raisons rationnelles et des bonnes. L’émotion qui y préside sort du même terreau que celui qui nourrit la crainte de la mort.
Si tant est qu’on en ait peur, car rationnellement, il n’y a aucune raison de craindre la mort. Au contraire, dans bien des cas, on peut être amené à y aspirer. On peut aussi bien trouver dommage de mourir quand on a une vie passionnante, ou une vie qu’on aime, tout simplement. On peut en détester l’idée et surtout, on peut craindre la douleur. Mais la mort elle-même (individuelle, en groupe, tous ensemble, tous ensemble…) quand elle survient, on a à peine le temps (si on l’a) de l’apprécier. Boris Vian disait :
Donc, par peur de la mort, on refoule la pensée, car autrement pour celui qui la craint, il n’y a pas moyen de vivre tranquille. Or, la pensée est le seul moyen d’accéder à la compréhension de ce mécanisme émotionnel qui provoque et développe l’angoisse, cette peste émotionnelle.
Comme tu le soulignes, les mouvements de foule fondés sur l’émotion varient et comme elle, ils sont éphémères. Une émotion chasse l’autre. C’est le même phénomène (et ils sont d’ailleurs liés) que dans le domaine de l’information médiatisée. Cent mille morts ici, cent millions de crève-la-faim là, un massacre ce matin, un attentat cet après-midi, une tornade ce soir… À l’infini.
On passe sans cesse de l’un à l’autre. C’est pour ça qu’on parle de « nouvelles ». Des « nouvelles » anciennes, c’est comme du poisson périmé. Le public n’en veut plus. C’est souvent même devenu une question de secondes. On zappe !
Bien sûr ! Et c’est la grandeur des Chansons contre la Guerre de travailler dans la durée et sur la durée. Prenons cette chanson de Francesco Guccini ; elle aurait dû sombrer dans l’oubli ; elle aurait pu être seulement un morceau sur un disque oublié, comme des centaines de milliers, des millions, si pas des milliards d’autres morceaux égarés sur des disques périmés. Mais voilà, on la reprend et on réactualise son propos. Lequel propos est toujours approprié ; il durera ce que durera l’humanité, à qui on peut attacher ce vers de Malherbe :
« ...elle a vécu ce que vivent les roses, l’espace d’un matin ».
Et Cassandre, même si elle avait raison trop tôt (on ne saurait lui reprocher), avait tout simplement raison. Et ici, Francesco Guccini a raison, absolument raison :
À condition évidemment de s’entendre sur le mot « monde » ; par exemple, en lui faisant désigner la Terre, ou le système solaire, ou la galaxie… Mais si on entend par monde, disons pour simplifier, l’ensemble des univers (visible, invisible), le cosmos… Alors, Guccini a tort, celui-là est infini.
Si « l’humanité en poussière retournera », alors, c’est pareil pour toutes les espèces (ânes, y compris) et pour la Terre elle-même. C’est juste un question de patience. Poussez pas, chacun son tour. En attendant, la seule chose raisonnable est de vivre, vivre, vivre… à petits pas d’âne pour moi, sans trop se tracasser, en sachant ce qu’il en est et en tentant à la mesure de nos forces, avant qu’il ne soit trop tard, de tisser le linceul de ce vieux monde mortel, mortifère, morticole et cacochyme.
Heureusement !
Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane
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