lundi 21 décembre 2015

GIORDANO BRUNO

GIORDANO BRUNO


Version française – GIORDANO BRUNO – Marco Valdo M.I. – 2015
Chanson italienne (Laziale romanesco) – Giordano Bruno – Stefano Rosso – 2007 


l’inauguration (1889) et le Campo dei Fiori empli d'athées, libres-penseurs, laïques et de plus de cent bannières de francs-maçons flottant au vent


Sur un sympathique fond musical, Stefano nous narre la triste fin du moine dominicain, qui fut condamné au bûcher parce qu’il soutenait que la terre tournait, chose impensable pour l’époque.

Il me semble voir notre Stefano, qui à la conclusion du sonnet, rit sous cape et nous dispense un des conseils les plus sages et anciens du monde : "Si nun te voi scottà e fatte la bua te devi fa sempre li cazzi tua!". « Si vous voulez que personne ne vous brûle et ne vous fasse des misères
Occupez-vous de vos affaires ! ».


L’ami Lucien l’âne, je m’en vais te présenter la version française que je viens de terminer d’une chanson italienne bien amusante. Elle raconte – à sa façon – l’histoire d’un brave garçon qu’un Pape délirant fit cuire en place publique, car il en savait trop. Ce savant impudent s’appelait Giordano Bruno (https://fr.wikipedia.org/wiki/Giordano_Bruno) ; on le nomme aussi Il Nolano, du fait qu’il était né à Nola, près de Naples au temps de Till le Gueux [[51150]]. Je te rappelle en quelques mots pour bien situer la suite que Giordano Bruno était un moine dominicain, ceux qui firent les croisades contre les Occitans, les Cathares et les Vaudois et instruisirent l’Inquisition. C'était un moine dominicain qui apostasia et se défroqua ne supportant plus de vivre dans la suffocation mentale et il se mit alors avec une passion tenace à explorer les territoires du savoir et ceux qu’il fallait encore éclairer.


Bref, il était parti dans la vie sur de mauvaises bases et me dis-tu, cette hyène féroce se défit de ses crocs et de ses laides pensées et rejetant la superstition se mit en quête des vérités de la nature.


C’est bien ainsi qu’on pourrait dire la chose. Mais ces bonnes dispositions lui valurent une exécution capitale. On le carbonisa vif en un lieu connu encore sous le nom de Campo dei FiorI. Je note au passage que c'est la seule place de Rome où il n’y a pas d’église. Sache, mon ami Lucien l’âne, que la statue de ce Nolano, ce Giordano Bruno méchamment exécuté sur ce Campo dei Fiori, est finalement la plus belle fleur de ce champ ; sache aussi que ce monument est l’œuvre du sculpteur et grand architecte Ettore Ferrari, qui le fit ériger le 9 juin 1889. Ce ne fut pas sans mal, même si Ettore Ferrari le fit gratuitement – ceci vaut la peine d’être dit. Toutefois, si c’était son œuvre et sa volonté, il ne put aboutir tout seul. Nombreux furent ceux qui l’aidèrent dans cette noble tâche de mémoire, au travers notamment d’une souscription internationale à laquelle souscrivirent des donateurs inconnus et des gens célèbres. Giordano Bruno n’était pas oublié. Cependant, l’intervention d’Ettore Ferrari comportait un autre message, elle signifiait autre chose encore.


Ah ?, dit Lucien l’âne intrigué, levant les oreilles en points d’interrogation.


On le vit lors de l’inauguration du monument quand le Campo dei Fiori fut empli de manifestants athées, libres-penseurs, laïques (http://www.uaar.it/sites/default/files/webfm/all/ateo/2005/Ateo-36-2005-1.pdf) et de plus de cent bannières de francs-maçons flottant au vent. Ettore Ferrari sera des années plus tard grand maître du Grand Orient d’Italie – de 1904 à 1917. Donc, Ettore Ferrari n’avait rien d’un religieux et il n’avait pas non plus l’intention de se soumettre à des injonctions papales. Pourtant, le pape de l’époque (peu importe son nom, d’ailleurs ; les papes passent, l’Église reste), s’adressa à l’État italien pour exiger qu’il interdise l’érection de la statue de Giordano Bruno. Ce porteur de tiare menaça même de quitter l’Italie, autrement dit de transporter ailleurs le siège de l’Église Catholique et Apostolique ; ailleurs : hors du territoire italien et donc, du Vatican.


Que ne l’a-t-il fait !, dit Lucien l’âne en riant.


Mais hélas, il se ravisa devant la réponse italienne. On lui fit savoir que s’il quittait l’Italie, il n’y rentrerait plus. Cela dit, cette statue de Giordano Bruno, où chaque année le 17 février, un rassemblement très anticlérical commémore l’assassinat du philosophe, reste en travers de la gorge du Pontife et à mon sens, il faudra encore la défendre contre de nouvelles attaques des cléricaux. On mesure mal la haine qu’une religion porte aux hommes à la pensée libre. Je pense à d’autres hommes qui eurent à subir les foudres religieuses ; par exemple, à ce savant, philosophe, penseur du monde qu’était Averroes, qui subit les attaques des sectateurs du Coran ou cet autre encore, vivant aux Pays-Bas, ostracisé par les rabbins, qui s’appelait Spinoza. Pour ne pas parler des contemporains…


Juste une réflexion un peu ésotérique sans doute, mais très très contemporaine aussi, dit Lucien l’âne d’un air mystérieux. Quand je la regarde, je me demande toujours si cette statue de Giordano Bruno n’a pas inspiré l’apparence de ce Dark Vador, alias Anakin Skywalker, dont la silhouette hante le monde imaginaire futur des étoiles.

GIORDANO BRUNO


Qui sait ? Et en tout cas, la ressemblance est frappante ; elle ressort avec force quand on regarde la statue à contre-jour. À mon sens, on ne peut pas ne pas y penser. Il me reste à développer très courtement le lien que j’entrevois entre le destin de Giordano Bruno et celui des autres penseurs, savants, scientifiques, philosophes, tous ceux qui font profession d’intellectuels (manœuvres ou pas) et la Guerre de Cent Mille Ans [[7951]] que les riches et les puissants font aux pauvres afin d’imposer leur domination, d’accroître leur pouvoir, de multiplier leurs richesses, d’étendre l’exploitation, de s’approprier le monde jusque dans ses moindres recoins et de voler la vie des hommes en convertissant l’or du temps en vil plomb de l’argent.


En cela, tu dis vrai, Marco Valdo M.I. mon ami, car contrairement au proverbe, le temps n’est pas de l’argent ; le temps, c’est le flux de la vie. Il nous faut maintenant cesser ce bavardage et reprendre notre tâche qui consiste, comme on le sait fort bien, à tisser le linceul de ce vieux monde mercantile, propagandiste, publicitaire, marqueteur et cacochyme.


Heureusement !


Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane.




Giordano Bruno, moine dominicain,
Fixait le ciel du soir au matin ;
Il volait une petite heure à la prière
Pour deviner ce qu’il y avait en l’air
Et à force de regarder, qu’est-ce qu’il découvrit ?
Que l’univers était infini.
On sait les prêtres de mauvaise foi ;
Quand tu dis que c’est différent pour toi,
Ils deviennent revêches et hypocrites
Et quand tu dis : « C’est ce que je crois ! »,
Ils te disent que tu blasphèmes
Et tu casses les couilles aux évêques.
Alors, il jeta son froc et s’en alla bien loin
Où il fut considéré comme un grand savant
Lui qui n’était plus dominicain
Et il expliqua les choses aux gens,
Il parla à tous en italien
Qui n’était pas encore cispadan.
Il expliquait que Copernic l’allemand
Voyait tout dans son télescope.
Que si en l’air, on jetait une pierre,
Elle retombait toujours là par terre
Puisque la Terre et ce qui s’y appuie
Du même mouvement doivent tourner.
Les prêtres y décelèrent l’hérésie
Et puis, un Dominicain ? Insensé !
Tous le mettent au pilori
Plus encore, car on sait qu’il fut prêtre
Et un apostat peut apporter beaucoup ennuis.
Les gens peuvent le croire, peut-être ?
Alors, ils organisèrent
Une cabale pour piéger ce grand philosophe.
Entretemps il disait : « Ce n’est pas un dogme, c’est la nature
Qui fait les choses au hasard, la chose est sûre »
Pour qui y réfléchit, c’est du Panthéisme
Et ils taxèrent Bruno d’hérétisme,
De trahison pure l’accusant,
Car il avait juré foi au Vatican.
À celui qui lui dit : « Avez-vous les preuves
Que le monde se meuve ? »
Il répondit : « Si vous êtes myope,
Pourquoi n’achetez-vous pas un télescope ? »
Bruno fut arrêté et condamné
Et on se décida pour le Campo dei Fiori.
Ensuite, on mit Giordano sur le bûcher
Et on entassa les fagots autour de lui ;
Ils mirent le feu à cette vivante tour
Qui connut la fin de l’agneau au four.
On était le dix-sept février mille six-
Cent quand Giordano fut mis au supplice,
Quand au Campo dei Fiori la meilleure fleur
Fut immolée au nom du seigneur
Par les grands chefs de la grande Secte
Qui cuisirent Bruno comme une côtelette.
Il nous reste seulement le monument.
On ne connaît que bien peu de lui ou néant.
Je le sais, car je l’ai demandé à des tas de gens.
Il nous reste seulement cet enseignement :
Si vous voulez que
Personne ne vous brûle
Et ne vous fasse des misères
Occupez-vous de vos affaires !


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