mardi 29 juillet 2014

LA CATHOLICADE DE LA SEMAINE 21 juillet 2014

LA CATHOLICADE DE LA SEMAINE

21 juillet 2014

DERNIÈRES NOUVELLES DU CATHOLAND


LE VAINQUEUR : Le Président de la Cour d'Appel de Catania, Alfio Scuto



Version française des Dernières Nouvelles de l'UAAR – Union des Athées, Agnostiques et Rationalistes. (21 juillet 2014) - http://asinonuovo.blogspot.com/2014/07/lacatholicade-de-la-semaine-21juillet.html
Texte italien : http://www.uaar.it/news/2014/07/21/clericalata-della-settimana-29-alfio-scuto/


Précepte laïque :

Italiens, encore un effort pour devenir laïques !



Juste une petite note de terminologie pour expliquer le choix du mot « catholicade », comme traduction du mot italien de « clericalata ». À première vue, puisque le mot n'existe pas en langue française, il eût été plus judicieux de créer un néologisme à partir de la racine utilisée en italien, ce qui aurait donné : « cléricalade » et en effet, c'eût pu être très bien. Mais... c'eût aussi passer à côté de « la spécificité » italienne, à savoir que le pays et la population italienne sont depuis l'époque mussolinienne, dans un étrange mariage de l'Église et de l'État, mis sous l'empire catholique.
Dès lors, sauf à vouloir noyer le poisson et mettre sous le boisseau cette véritable captation, il nous est apparu que le mot « catholicade » rendrait mieux compte de la réalité de ces petits (et grands) faits.

Jusqu'à présent, le traducteur lisait avec le sourire ces catholicades recensées par les amis de l'UAAR, mais chemin de croix faisant, il s'est aperçu qu'elles décrivaient particulièrement bien une certaine ambiance, caractéristique des pays en proie à une « théocratite » et singulièrement, l'Italie, victime de la forme particulière de cette endémie qu'est la catholite. En fait, l'Italie souffre de « catholite aiguë ».

On publiera donc des catholicades au gré de nos disponibilités de temps. Mais revenons à la rubrique de l'UAAR.


Chaque semaine nous publions un petit dossier consacré à l'affirmation ou à l'acte le plus clérical de la semaine accompli par des représentants d'institutions ou de fonctions publiques. La rédaction est consciente que la tâche de trouver la catholicade qui mérite le prix est une entreprise ardue, vu le grand nombre de candidats, mais elle s'engage à fournir même dans ce cas un service à la hauteur des attentes de ses lecteurs. Au contraire, elle remercie en avance ceux qui signaleront d'éventuelles « perles ».





PREMIER PRIX DE LA SEMAINE :



LA CATHOLICADE DE LA SEMAINE EST CELLE

DU PRÉSIDENT DE LA COUR D'APPEL DE CATANIA, ALFIO SCUTO



Qui a suspendu la séquestration des biens de l'archidiocèse condamné à une indemnisation de 600.000 Euros suite à la mort d'un fidèle pendant une procession.

La mesure a été prise en acceptation de la demande de suspension avancée par les avocats de l'Archidiocèse au motif que le blocage des biens empêcherait à l'Église d'effectuer des activités charitables.



Rétroactes :


Il y a dix ans, à Catane, les célébrations pour la sainte patronne Agate faisaient une victime. Comme de tradition, le lourd chariot avec les reliques de la « santuzza » (dite la « vara ») fut traîné en montée à la force des bras par des fidèles, mais à un certain point certains perdirent l'équilibre et tombèrent, en amorçant un tragique effet boule de neige qui déclencha la panique dans la foule. Plusieurs personnes furent renversées dans foule et une d'elles, Roberto Calì, 21 ans, marié et père de deux enfants, mourut le jour après l'accident suite aux graves lésions hépatiques qui en résultèrent.
À la fin du mois de mai passé s'est conclu le procès en première instance qui jugeait parmi les prévenus le Comité des fêtes, le Ministère de l'Intérieur et aussi, l'archidiocèse de Catane. Tous condamnés. En particulier, l'archidiocèse a été condamné à dédommager de 600.000 Euros la famille de Calì, c'est-à-dire les deux tiers de l'indemnisation globale. Toutefois, les avocats de l'archidiocèse ont présenté en urgence une demande de suspension de l'exécution de la sentence, demande accueillie par le président de la Cour d'appel de Catane, en attente de l'audience, avec la motivation que « le blocage du patrimoine de l'Église et des ressources financières comporterait l'impossibilité de développer les activités charitables en faveur de milliers de citoyens qui quotidiennement sont assistés »...

Une décision qui étonne tout le monde, en particulier les avocats de la famille Calì qui déplorent même le total désintérêt démontré par l'archidiocèse vis-à-vis des enfants de Calì.



Le supplice d'Agate




Encore une fois, le fameux deux poids vaut pour les uns, deux mesures... En Catholand, il y a d'un côté, les citoyens, de l'autre, l'Église et les intérêts de cette dernière pèsent toujours plus lourds que ceux des gens du commun. Le Code civil, qui ne fait que transcrire le principe élémentaire du dédommagement vaut pour tous, sauf pour l'Église. Selon que vous serez puissants ou misérables... On ne saurait placer l'Église Catholique parmi les gens sans biens... C'est une personne considérable, une interlocutrice de poids surtout quand le tribunal est lui-même pénétré de ses croyances...
Et puis, le tribunal de Catane aurait pu aisément rencontrer les récriminations ecclésiastiques en ordonnant qu'en effet, il n'y avait pas lieu de priver les gens de la charité archiépiscopale et donc, de puiser dans les argents pour les « pauvres », mais qu'il y avait lieu de puiser dans les richesses ordinaires de l'Église, tant mobilières qu'immobilières... lesquelles sont considérables. Et par ailleurs, si l'Église trouve des moyens considérables pour une foultitude de cérémonies, il serait aisé d'en consacrer le nécessaire à remplir ses obligations. N'a-t-elle pas déjà assez fait traîner les choses ? Au-delà, devant tant d'incurie, il reste la saisie... En Catholand ?



Mentions spéciales :




LA RADIO-TELEVISION ITALIENNE (RAI) QUI :

a renouvelé l'accord-cadre avec le Centro Televisivo Vaticano pour la captation d'événements d'intérêt catholique comme l'Angélus, de célébrations, de visites pastorales et tout ce qui concerne le pape. Un accord qui s'insère dans une collaboration pluriannuelle en renforçant le rapport entre le Service public (italien) et la télévision du Saint-Siège.
Signez, signez, il en restera toujours quelque chose



On pourrait commencer par jeter le masque en matière audio-visuelle. Au moins, tout le monde serait fixé. Autant vaudrait les fusionner et créer, par exemple, la RAVI (Radio-Televisione Vaticano-italiana)... On doit y penser en certains lieux et même pour quoi pas ?, en revenir aux États du Pape, peut-être.

Ce n'est pas un cauchemar, c'est de la télé-réalité...
Laïques italiens, réveillez-vous !



UN CAF (CENTRE D'ASSISTANCE FISCALE) UIL DE BARI QUI :

N'a pas retranscrit les indications fournies par un contribuable pour la compilation du 730 (formulaire simplifié pour l'attribution de 8 et 5 pour mille) et il lui a précompilé les champs des 8 pour mille à l'Église catholique et des 5 pour mille à une association proche de l'Uil.

Une petite recherche sur le sujet laisse penser que la chose est assez fréquente. En fait, cela dépend surtout du « conseiller ». Il se peut que ce soit une « erreur », il se peut que ce soit une routine... et aussi le fait que le ou la contribuable qui fait appel à un tel service fasse confiance et accepte de déléguer son choix. Mais en Catholand, c'est là chose périlleuse. Pour plusieurs raisons et bien entendu, la première de toutes à savoir le poids considérable de l'Église à qui il est de tradition d'affecter ces fonds.


Cud recompilé
On reconnaît la croi "x" catholique automatique
et 
le choix manuel du contribuable "valdese"


Petite note adjunctive : sachant que ce qui va à l'État retourne pour une grande part à l'Église catholique, beaucoup de laïques italiens choisissent d'affecter le "5 pour mille" à la Chiesa valdese connue pour son esprit de tolérance et de liberté. 


Un témoignage  (source Uaar):

C'est la période pour présenter la déclaration des revenus. … C'est la période pour affecter le cinq et huit pour mille. C'est le moment où se manifeste tout particulièrement la propagande de l'Église catholique. On apprend aussi des faits qui engendrent des soupçons sur la correction des opérateurs fiscaux, lorsqu'il s'agit d'enregistrer les choix effectués.

Un cas : une personne s'est rendue dans un Caf dans le quartier romain de Primavalle pour la déclaration des revenus. Elle a présenté le Cud (document attestant les revenus) en choisissant de destiner Huit pour Mille à l'État et Cinq pour Mille à l'Uaar, en mettant les signatures et le numéro fiscal dans les cases appropriées comme d'habitude. Rentré chez elle, en contrôlant à nouveau, elle a remarqué cependant que dans la copie du modèle 730 délivrée par le Caf , il apparaissait que le Huit pour Mille était donné à l'Église catholique et le Cinq pour Mille à une autre association. Il s'agissait évidemment pas de l'Uaar, mais de l'organisation catholique Opératrice de Miséricorde Onlus (sans but lucratif? Voire !) , avec un numéro fiscal très différent de celui de l'Uaar, qui demande le Cinq pour Mille mais ne figure pas actuellement dans les listes de l'Agence pour les Recettes parmi les sujets qui ont demandé d'en bénéficier pour 2014, mais se trouve parmi ceux pour les ans 2010 et 2011.

À ce moment, intrigué, l'intéressé retourne au Caf pour faire corriger les erreurs, en rétablissant les choix qu'il avait faits et en recevant cette fois un reçu correct. À la demande d'explications sur les raisons pour lesquelles avaient été changées les données fournies précédemment et écrites clairement sur le document, l'opérateur a fourni des explications franchement embarrassées. Il a répondu que c'est le programme dont se sert le Caf pour la compilation qui désigne automatiquement l'Église catholique pour le champ Huit pour Mille et l'association (par hasard catholique) pour le Cinq pour Mille et que ces données sont insérées dans le modèle 730 dans lequel deux cases sont laissées en blanc, et ne sont compilées autrement seulement que sur indication explicite du contribuable. Même il a donné une fiche de cet onlus catholique intéressé, pour la promouvoir en disant qu' elle fait œuvre de bienfaisance et s'occupe d'enfants. On ne connaît pas le logiciel le Caf utilise pour la compilation de la déclaration des revenus.

Le problème est que le contribuable en question avait déjà fait son choix de façon catégorique, et dès lors, on ne comprend pas comment et pourquoi le Caf a décidé d'apporter la modification. Il serait simplement absurde qui le programme employé insérait en automatiquement des choix (pré)définis. On peut toujours espérer qu'il s'agit là de cas isolés mais nous craignons que des favoritismes en particulier envers l'Église catholique soient répandus dans les centres d'assistance fiscale (Caf) et parmi les opérateurs qui gèrent les déclarations des revenus. D'autant plus qu'il apparaît par exemple que les Acli et Mouvement Chrétien des Travailleurs, deux grandes associations catholiques qui gèrent des centaines de Caf, sont les plus demandées pour le Cinq pour Mille encore en 2012, dernières données disponibles.

Le contribuable souvent n'est pas informé correctement, en croyant par exemple que s'il n'effectue pas le choix du Huit pour Mille, il aille automatiquement à l'État, alors que par contre il est toujours réparti en proportion des choix exprimés. Avec un système, déjà conçu sur mesure pour garantir à l'Église Catholique (ECAR) une position privilégiée et avec une publicité, dirigée et indirecte, pratiquement monopoliste.

Il est important donc que les Caf et les conseillers commerciaux fournissent des informations précises pour permettre aux citoyens un choix conscient, pour éviter des soupçons de comportements incorrects. Nous invitons même les contribuables à veiller, en contrôlant toujours le reçu pour vérifier que leurs choix aient été enregistrés correctement et en demandant des informations précises comme c'est leur droit. Même après la remise de la déclaration des revenus, dans les temps prévus, on peut demander à son Caf ou à son conseil commercial de corriger les données à transmettre à l'Agence des Entrées au cas où on remarquerait des différences « étranges ».
La rédaction




samedi 26 juillet 2014

ENC...HRISTIANISER CAMUS ?






ENC...HRISTIANISER CAMUS ?


En connaissance de cause
Le Monde vu par l' UAAR


Howard Mumma et la tentative maladroite de "christianiser" Albert Camus




 http://www.uaar.it/news/2014/07/20/howard-mumma-maldestro-tentativo-cristianizzare-albert-camus/

http://asinonuovo.blogspot.com/2014/07/enchristianiser-camus.html



Un des amis d'Albi (Action laïque Belgo-italienne) a eu la bonne idée de traduire le blog-édito de l' UAAR - Union des Athées et des Agnostiques Rationalistes, publié dans la revue Micro-Mega.
L'Asino nuovo relaie ces éditos laïques en provenance d'Italie, traduits par Pierre Steenhout.
Tel est le petit avant-propos qui annonce les éditos de l'Uaar. Mais l'Uaar publie bien d'autres articles et récemment, elle a fait paraître un article que l'Asino aurait aimé publier en français. Il écrivit donc à Pierre Steenhout pour faire appel à son aimable collaboration. Voici ce que l'Asino lui écrivait :
«  En fait, je voulais te faire la suggestion de traduire le dernier courrier de l'Uaar qui tord le cou à je ne sais quel anglophone qui a eu l'idée saugrenue de vouloir "christianiser" Camus. On ne peut pas laisser Albert Camus se faire enc...hristianiser ainsi. C'est un devoir d'hygiène publique que dénoncer pareille et sournoise manœuvre digne de Francesco, le pape blanc dehors et noir dedans. »
Le titre intégral de l'article de l'Uaar est « Howard Mumma et la tentative maladroite de "christianiser" Albert Camus ».





Enc...hristianiser Albert Camus, un tel anarchiste, quelle idée saugrenue et pour quoi faire ? Eh bien, précisément... Si on les laissait faire, ces corbeaux iraient jusqu'à revendiquer tous les cadavres, partant du principe que tout fait farine à leur moulin.
Cependant, en soi, la chose n'a évidemment aucune importance, vue par le cadavre – lequel, comme le chameau, s'en fout. Mais pour eux, pour les « noirs corbeaux », l'affaire a de l'importance. L'objectif de ces « christianisations pré-posthumes (le mot est de Musil, mais est très approprié à ce genre de manœuvres sournoises autant que douteuses et malhonnêtes) » est tout simplement de tirer à eux le linceul ou de s'emparer des restes. Il convient évidemment de défendre Camus de ce rapt posthume, de cet enlèvement nécrophage. Mais aussi, et l'Uaar va dans le même sens, il s'agit de mettre à jour – de façon plus générale – certaine pratique chrétienne visant à ramener dans les bras du Christ, ceux de la Vierge, d'un saint ou d'une sainte quelconque ou sous la houlette de Dieu, les mécréants – si possible, célèbres et de le faire savoir (pour les anonymes, c'est moins intéressant). À la rigueur, on se contentera d'une vague allusion à un improbable sentiment d'un dessein caché de l'univers. N'importe quoi, sauf la mécréance pure et simple. Il y a là une stratégie ancienne. Elle opère à plusieurs niveaux : il s'agit soit sur un plan intellectuel ou culturel de s'approprier une « réputation », de faire paraître qu'à la fin – quand même – même les plus endurcis des mécréants finissent par rallier le clan divin ; soit il s'agit toujours de circonvenir mais avec des vues autrement plus matérielles – par exemple, de riches vieillards ou des veuves éplorées. L'objectif est tout clair : s'emparer d'une part ou si possible de tout l'héritage – en écartant par toutes voies les « héritiers ». Là, tout n'est que d'anticiper et de forcer le destin. Jiri Sotola ne raconte rien d'autre qu'une telle manœuvre dans « La Nuit baroque » ; on a vu l'aboutissement d'une de ces pêches miraculeuses l'autre jour dans les Catholicades, où la Curie de Bologne vient de s'emparer d'une multinationale... Mais tout petit profit fera l'affaire... Surveillez vos aïeuls tant qu'il est encore temps !

L'Asino risuscitatoNoi, non siamo cristiani, siamo somari.









Ce n'est pas la première fois que cela arrive  - et ce ne sera certes pas la dernière. Comme ce fut le cas, par exemple, pour Leopardi, Gramsci, Carducci et Voltaire, la mémoire d'Albert Camus a été, en effet, elle aussi, déformée par l' habituelle "conversion posthume", réfléchie, systématique. Le mécanisme mis en action est simple et infaillible : une fois repéré un auteur ouvertement non-croyant, on attend sa mort avec patience, et, avec une régularité suisse, voici qu'on découvre un témoignage oral d'un parfait inconnu, lequel soutient, avec désinvolture et une candeur sincère, que ce même écrivain lui aurait avoué (et seulement à lui) sa volonté de se convertir avant de mourir.

L'objectif non avoué des partisans de ces "stratagèmes apologétiques" est triple :

1)   vendre beaucoup d'exemplaires de son livre, aussi bien parmi ses détracteurs que
      parmi les défenseurs de la thèse de la conversion;

2)   se faire un nom et obtenir une popularité, inaccessible autrement;

3)   miner, une fois et pour toujours, la crédibilité de l'auteur en question. Entendons-nous:
      les lecteurs les plus fidèles et les plus attentifs sauront reconnaître avec facilité le
      manque de fondement et la mauvaise foi de semblables témoignages, mais leurs
      protestations ne serviront à rien, parce que, désormais, la nouvelle se sera
      propagée partout sur la toile; en moins de temps qu'il n' en faut pour le dire, le faux
      historique, créé "ad hoc", sera déjà colporté comme source digne de foi.



Le livre de Howard Mumma, "Albert Camus and the Minister", a été publié, en anglais, en 2000, par une maison d' édition catholique américaine connue, "Paracelse Press", laquelle se donne, explicitement, comme mission "de publier des livres, de la musique et des videos qui nous rappellent de ne jamais perdre l'espérance dans la miséricorde de Dieu". L'auteur, pasteur protestant américain, prétend avoir rencontré Camus plusieurs fois durant son séjour auprès de l'Eglise américaine de Paris, au point de devenir son ami intime et son conseiller spirituel, jusqu'à ce jour, non précisé, où Camus aurait exprimé la volonté de se faire baptiser à nouveau, rencontrant le refus du même Mumma, lequel s'y serait opposé, soutenant  que :

a)   on ne peut baptiser deux fois, alors que le premier baptême est certain; et que

b)   Camus n'était pas prêt à s'engager publiquement dans l'Église du Christ (pp.90-93)


Le compte rendu de Mumma est aussi surréel qu'il est mal ficelé: non seulement pour toutes les erreurs chronologiques manifestes et les incohérences biographiques (voir la liste ci-dessous), mais aussi et surtout pour la naïveté et l'infantilisme avec lesquels Camus se serait exprimé, à la manière d'un enfant de six ans qui entend prononcer, pour la première fois, le mot  "Dieu", et qui voudrait comprendre de quoi il s'agit. En effet, il serait presque inutile d'entrer dans les détails, le livre de Mumma étant une énorme et criante imposture. Cependant, beaucoup ont cru à l'honnêteté de l'auteur, considérant comme établi que son compte-rendu était véridique et non inventé. Par prudence et par correction, donc, j'ai dressé une liste des erreurs les plus importantes :

1.   Camus n'a  JAMAIS rencontré Simone Weil et il a exprimé plusieurs fois ses regrets
       pour la mort prématurée de l'auteure (1943); selon Mumma, au contraire, Camus
       aurait rencontré Simone Weil régulièrement pendant des années, à des intervalles de
       quelques semaines ("every few weeks", "over a period of several years", pp.41-47) ;

2.    Camus s'inscrivit au Parti Communiste Algérien en 1935, et il en sortit, très
       rapidement, en 1937,  AVANT  la 2ième guerre mondiale et la découverte des camps de
       concentration nazis ; selon Mumma, au contraire, Camus "joined the Communist
       Party" après la seconde guerre mondiale, et, justement, en réponse "aux atrocités d'Hitler" (pp.11-12) ;

3)    Camus ne s' est pas du tout suicidé, comme le soutient l'auteur (p.98), mais, en fait,
        il est mort dans un accident de la route, en simple passager - le conducteur était, en
        en effet, Michel Gallimard ;

4)    Camus a publié "L'Étranger"  AVANT  "Le Mythe de Sisyphe", et non l' inverse,
        comme le prétend Mumma (pp.12-13) ;

5)     La thèse de doctorat de Camus portait sur "La Métaphysique chrétienne et le
        Néoplatonisme", non sur "Le Néoplatonisme, avec une attention particulière
        donnée à Plotin" (p.11) ;

6)     Mumma admet à plusieurs reprises dans le livre (p.8 et ailleurs), ne savoir ni
        parler ni comprendre le français ; en même temps, l'anglais de Camus et de
        Sartre était fort pauvre, sinon nul ; le doute surgit, donc : comment pouvait-il
        communiquer avec ses interlocuteurs français, avec une telle facilité ? ;

7)     Le nom de Mumma n'apparaît dans aucune des deux monumentales et
        minutieuses biographies officielles de Camus (Todd et Lottman), ni dans ses
        "Carnets" (Taccuini), ni dans tout autre document officiel concernant Camus.


Le livre de Mumma n'a été traduit, pour le moment, qu'en espagnol - heureusement !
Dans les pays anglophones, l'accueil du livre a été incroyablement calme et partisan,
vu que la plus grande partie des critiques ont été élaborées, ou bien par des auteurs catholiques fondamentalistes (en premier lieu, Greg Clarke, lequel, outre le fait de rendre compte de livres sur "l'angélologie" et sur la résurrection, a "posté" un message fantaisiste sur la conversion de Richard Dawkins au christianisme), ou par des "blogueurs" désorientés, qui, incapables de démentir Mumma sur le fait même, ont cherché à interpréter, à leur façon, la "conversion" de Camus.

Notre espoir est que ces quelques lignes servent à dissuader les éditeurs italiens d'entreprendre une traduction italienne du texte, non par une absurde censure préventive, mais plutôt en exigeant des principes élémentaires d'objectivité  et d'honnêteté intellectuelle, principes qui, aujourd'hui - en ces temps d'Internet, où chacun a le droit de prétendre ce qu'il veut et comme il le veut - semblent être devenus des « accessoires à option », dans n'importe quel débat philosophico-politico-religieux.


Giovanni Gaetani
(lauréat 2013 du prix de fin d'études attribué par l' UAAR)