LE TABOU DE L'ABOLITION DU CONCORDAT
Article de Raffaele Carcano – secrétaire de l'UAAR
Il tabù dell’abolizione del Concordato
in Micro-Mega : http://temi.repubblica.it/micromega-online/il-tabu-dell%E2%80%99abolizione-del-concordato/
18 février 1984 - Signature du Concordat recyclé
Le tabou de l'abolition du Concordat ? Le tabou de l'abolition du Concordat en Italie a-t-il une importance pour les autres Européens ? Existe-t-il quelque chose de semblable ailleurs et singulièrement, dans les pays de langue française comme par exemple, la France et la Belgique. En France, il existe toujours un régime particulier pour l'Alsace-Moselle et de façon générale, une certaine préférence et déférence à l'égard de certains cultes. En Belgique également, ces inclinations et à certains moments, soumissions à certains cultes sont de mise chez les responsables politiques, de tous niveaux. Et puis, comme en Italie, il y a la question des écoles privées, essentiellement catholiques, qui continue à poser problème... La question de l'école publique, unique et démocratique reste un tabou, tout comme en Italie. Quant au reste de l'Europe... Le carcan des croyances continue à peser sur le dos des populations.
En somme, en matière de laïcité, « Ce n'est qu'un début, continuons le combat ! ».
Lucien Lane
On
ne parle plus depuis longtemps d'abolir le Concordat . Un silence
paradoxal, si on considère que la société italienne est toujours
plus sécularisée et qu'une semblable institution médiévale n'a
plus aujourd'hui aucune raison d'être. D'où la pétition en ligne,
lancée de l'Uaar, pour demander aux parlementaires italiens de
remplacer les articles 7 et 8 de la Constitution par l'affirmation
explicite du principe de laïcité de l'État.
par Raffaele Carcano
Il
y a Trente ans, le « nouveau » Concordat était paraphé.
Il fut ratifié avec une majorité bulgare, supérieure à 90% des
parlementaires. Même le Pci vota en sa faveur. Peu d'années après,
cependant, une motion du Congrès qui en demandait l'abolition
ramassa environ 40% des voix. Le désaccord existait, donc, et même
était étendu. Mais il n'avait pas réussi à l'emporter.
Trente
ans après, le Pci n'existe plus depuis longtemps. Le « nouveau »
Concordat oui, malheureusement, et depuis trop longtemps. Le
désaccord continue à ne pas être entendu ; durant cette
législature, aucun parlementaire a encore proposé de le supprimer
ou de revoir l'article 7. Aujourd'hui comme autrefois, cependant, le
désaccord existe, et encore une fois, il faut rechercher le moyen
pour le faire émerger. L'Uaar s'y essaye avec une pétition en ligne
destinée à tous les parlementaires, qui a déjà dépassé les
vingt-mille signatures. Pas mal, pour une initiative inconnue de la
plupart.
Car
abolir le Concordat, on n'en parle pas et on n'en écrit pas. Un
sujet tabou. Les moyens d'information constatent que la société
italienne est toujours plus sécularisée, ils célèbrent le
pluralisme religieux, mais n'ont pas le courage de prendre acte du
fait que, dans un panorama ainsi changé, une institution médiévale
telle qu'un Concordat n'a pas plus aucune raison d'être. Comment
peut-on sérieusement affirmer qu'il est juste qu'une croyance
religieuse jouisse de privilèges uniques ? En effet personne n'ose
l'affirmer ; c'est trop embarrassant, il vaut mieux faire comme
si de rien n'était.
Et
dire que les effets néfastes sautent aux yeux de tous. Des mariages
« annulés » pour athéisme ou même « mammisme »
( Le fait d'avantager les « mères » lors de séparations,
divorces... Matrialisme ? On aurait ainsi une permanence du
« matrialisme historique ») avec des sentences
ecclésiastiques ratifiées par les tribunaux civils jusqu'à
l'étendue des exemptions fiscales dont, même en temps de crise,
jouissent les organismes ecclésiastiques. Il n'y a pas d'argent pour
financer des médecins ou des infirmiers, mais les hôpitaux ne
réduisent pas les coûts publics des chapelains catholiques. Les
directions scolaires invitent les parents à acheter le papier
hygiénique pour leurs enfants, mais on ne pense pas à couper les
traitements des enseignants de religion, choisis par les évêques,
mais payés des contribuables. Pour un total au-delà d'un milliard
d'euro tous les ans.
Toutes
situations considérées comme intouchables car filles du Concordat.
Mais un Concordat n'est pas éternel. Si on veut changer ce pays, on
ne peut pas penser à le faire sans intervenir à l'encontre de
privilèges anachroniques absolument injustifiés. Il n'y a pas
d'état laïque pour l'instant, et certes, il ne nous sera pas
gracieusement offert par l'un ou l'autre dieu. Il sera par contre
conquis par l'engagement quotidien. Les laïques sont nombreux et ont
mille bonnes raisons de leur côté ; ils doivent seulement
trouver la manière de les traduire en pratique. Les vingt mille
signatures recueillies et remises au parlement veulent seulement être
le début d'un parcours. Elles doivent seulement être le début d'un
parcours.
(18 février 2014)
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