mercredi 19 février 2014

LE TABOU DE L'ABOLITION DU CONCORDAT


LE TABOU DE L'ABOLITION DU CONCORDAT






Article de Raffaele Carcano – secrétaire de l'UAAR
Il tabù dell’abolizione del Concordato
in Micro-Mega : http://temi.repubblica.it/micromega-online/il-tabu-dell%E2%80%99abolizione-del-concordato/



18 février 1984 - Signature du Concordat recyclé





Le tabou de l'abolition du Concordat ? Le tabou de l'abolition du Concordat en Italie a-t-il une importance pour les autres Européens ? Existe-t-il quelque chose de semblable ailleurs et singulièrement, dans les pays de langue française comme par exemple, la France et la Belgique. En France, il existe toujours un régime particulier pour l'Alsace-Moselle et de façon générale, une certaine préférence et déférence à l'égard de certains cultes. En Belgique également, ces inclinations et à certains moments, soumissions à certains cultes sont de mise chez les responsables politiques, de tous niveaux. Et puis, comme en Italie, il y a la question des écoles privées, essentiellement catholiques, qui continue à poser problème... La question de l'école publique, unique et démocratique reste un tabou, tout comme en Italie. Quant au reste de l'Europe... Le carcan des croyances continue à peser sur le dos des populations.
En somme, en matière de laïcité, « Ce n'est qu'un début, continuons le combat ! ».



Lucien Lane


On ne parle plus depuis longtemps d'abolir le Concordat . Un silence paradoxal, si on considère que la société italienne est toujours plus sécularisée et qu'une semblable institution médiévale n'a plus aujourd'hui aucune raison d'être. D'où la pétition en ligne, lancée de l'Uaar, pour demander aux parlementaires italiens de remplacer les articles 7 et 8 de la Constitution par l'affirmation explicite du principe de laïcité de l'État.


par
Raffaele Carcano
Il y a Trente ans, le « nouveau » Concordat était paraphé. Il fut ratifié avec une majorité bulgare, supérieure à 90% des parlementaires. Même le Pci vota en sa faveur. Peu d'années après, cependant, une motion du Congrès qui en demandait l'abolition ramassa environ 40% des voix. Le désaccord existait, donc, et même était étendu. Mais il n'avait pas réussi à l'emporter.

Trente ans après, le Pci n'existe plus depuis longtemps. Le « nouveau » Concordat oui, malheureusement, et depuis trop longtemps. Le désaccord continue à ne pas être entendu ; durant cette législature, aucun parlementaire a encore proposé de le supprimer ou de revoir l'article 7. Aujourd'hui comme autrefois, cependant, le désaccord existe, et encore une fois, il faut rechercher le moyen pour le faire émerger. L'Uaar s'y essaye avec une pétition en ligne destinée à tous les parlementaires, qui a déjà dépassé les vingt-mille signatures. Pas mal, pour une initiative inconnue de la plupart.

Car abolir le Concordat, on n'en parle pas et on n'en écrit pas. Un sujet tabou. Les moyens d'information constatent que la société italienne est toujours plus sécularisée, ils célèbrent le pluralisme religieux, mais n'ont pas le courage de prendre acte du fait que, dans un panorama ainsi changé, une institution médiévale telle qu'un Concordat n'a pas plus aucune raison d'être. Comment peut-on sérieusement affirmer qu'il est juste qu'une croyance religieuse jouisse de privilèges uniques ? En effet personne n'ose l'affirmer ; c'est trop embarrassant, il vaut mieux faire comme si de rien n'était.

Et dire que les effets néfastes sautent aux yeux de tous. Des mariages « annulés » pour athéisme ou même « mammisme » ( Le fait d'avantager les « mères » lors de séparations, divorces... Matrialisme ? On aurait ainsi une permanence du « matrialisme historique ») avec des sentences ecclésiastiques ratifiées par les tribunaux civils jusqu'à l'étendue des exemptions fiscales dont, même en temps de crise, jouissent les organismes ecclésiastiques. Il n'y a pas d'argent pour financer des médecins ou des infirmiers, mais les hôpitaux ne réduisent pas les coûts publics des chapelains catholiques. Les directions scolaires invitent les parents à acheter le papier hygiénique pour leurs enfants, mais on ne pense pas à couper les traitements des enseignants de religion, choisis par les évêques, mais payés des contribuables. Pour un total au-delà d'un milliard d'euro tous les ans.

Toutes situations considérées comme intouchables car filles du Concordat. Mais un Concordat n'est pas éternel. Si on veut changer ce pays, on ne peut pas penser à le faire sans intervenir à l'encontre de privilèges anachroniques absolument injustifiés. Il n'y a pas d'état laïque pour l'instant, et certes, il ne nous sera pas gracieusement offert par l'un ou l'autre dieu. Il sera par contre conquis par l'engagement quotidien. Les laïques sont nombreux et ont mille bonnes raisons de leur côté ; ils doivent seulement trouver la manière de les traduire en pratique. Les vingt mille signatures recueillies et remises au parlement veulent seulement être le début d'un parcours. Elles doivent seulement être le début d'un parcours.

(18 février 2014)


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