jeudi 20 février 2014

NOUVEAU CONCORDAT ET VIEUX CLÉRICALISME

NOUVEAU CONCORDAT ET VIEUX CLÉRICALISME

Version française des Dernières Nouvelles de l'UAAR – Union des Athées, Agnostiques et Rationalistes. (18 février 2014) :
Texte italien : http://www.uaar.it/news/2014/02/18/nuovo-concordato-vecchio-clericalismo/




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Italiens, encore un effort pour devenir laïques !


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Il y a juste trente ans, le 18 février 1984, le Premier Ministre Bettino Craxi et le cardinal Agostino Casaroli, secrétaire d'État du Vatican, signèrent les accords de Villa Madama. Le nouveau Concordat, qui ajournait celui stipulé le 11 février 1929 avec le régime fasciste, ne considérait plus le catholicisme comme religion d'État et rendait facultative l'heure de religion dans les écoles, introduisait cependant le mécanisme du huit pour mille. Et de fait, il laissait intacte l'énorme capacité de conditionnement que l'Église catholique a sur la politique italienne.
Aujourd'hui, après une campagne qui a duré des mois et une pétition sur Change.org, le secrétaire de l'Uaar Raffaele Carcano a remis plus de vingt mille signatures pour demander à des députés et des sénateurs abolition du Concordat avec le Saint-Siège. La remise a eu lieu à Montecitorio et la pétition sera discutée en commissions parlementaires. C'est un geste qui entend rappeler aux politiciens qu'il y a une opinion publique laïque souvent maltraitée et que le vieux système du Concordat est maintenant obsolète dans une société toujours plus sécularisée et multireligieuse, où augmentent le nombre des fidèles d'autres croyances mais surtout les mécréants.
L'Italie change, mais l'Église catholique conserve d'énormes privilèges et le respect général de la part des institutions, avec des discriminations conséquentes envers qui n'est pas catholique et des dommages pour les élémentaires principes de laïcité. Pas seulement pour l'IRC (on voit les énormes difficultés pour obtenir une alternative à l'heure de religion catholique) et le huit pour mille, mais même dans d'autres contextes comme l'assistance spirituelle payée par l'État, le mariage religieux qui précarise le mariage civil, ainsi que les diverses prébendes, les exemptions et les financements en faveur de l'Église catholique qui pèsent sur la bourse de tous les citoyens.
Afin que l'Italie devienne un pays vraiment laïque et moderne, la pétition a demandé la substitution des articles 7 et 8 de la Constitution. À la place du multiconfessionnalisme à tous les niveaux qui grâce aux ententes repropose en petit le schéma concordataire même avec d'autres religions, en discriminant les athées et les agnostiques mais pas seulement, elle (la pétition) invite les institutions à approuver une loi sur la liberté de croyance et d'incroyance de sorte à dépasser la réglementation fasciste sur les « cultes admis ». 
L'abolition du Concordat est cependant encore un sujet tabou, comme l'a écrit aujourd'hui Carcano sur le site de MicroMega, et le monde politique continue à être bien attentif à ne pas mécontenter le Vatican ; il préfère au contraire la célébration du (nouveau) Concordat. Notamment, avec le colloque organisé pour le trentième anniversaire des accords de 1984 à Palazzo Giustiniani, le 12 février dernier par la « Fondation Socialisme ». Parmi les participants, le président du Sénat Piero Grasso, le juge constitutionnel Giuliano Amato, le secrétaire de la Cei monsignor Nunzio Galatino, le cardinal Attilio Nicora, le secrétaire d'État du Vatican monsignor Pietro Parolin, divers juristes parmi lesquels les conseillers dans la période de l'accord avec le Vatican, comme Gennaro Acquaviva, Francesco Margiotta Broglio, Carlo Cardia.
Une kermesse qui a offert beaucoup d'espace aux cléricaux et aux éloges pour les accords de Villa Madama, accueillie positivement d'Oltretevere et par l'Osservatore Romano . Au cours de laquelle Parolin a défini le Concordat comme un exemple de « laïcité positive », signe de « réciproque collaboration » entre l'État et l'Église catholique « pour la promotion de l'homme et le bien du pays ». Et où Acquaviva s'est candidement rappelé comme le nouveau Concordat avait donné, surtout au niveau financier, à la Cei (Conférence des évêques italiens) de nouveaux moyens pour augmenter son influence. Cardia, dans l'édition d'aujourd'hui du quotidien des évêques Avvenire, a même écrit que le Concordat est une « garantie de vraie laïcité ».
Pourtant, tout ceci nous rappelle combien la solution concordataire, quoique vantée comme encore actuelle par ceux qui en recueillent les substantiels fruits et par le monde de la politique en équilibre instable entre le formalisme et le caractère conciliant, n'est plus au pas avec notre temps. La société italienne, malgré eux et malgré le cléricalisme, se fait toujours plus laïque.

La rédaction







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