NOUVEAU
CONCORDAT ET VIEUX CLÉRICALISME
Version
française des Dernières Nouvelles de l'UAAR – Union des Athées,
Agnostiques et Rationalistes. (18 février 2014) :
Texte
italien : http://www.uaar.it/news/2014/02/18/nuovo-concordato-vecchio-clericalismo/
Précepte
Italiens,
encore un effort pour devenir laïques !
Passe-moi ta plume... |
Il y a juste trente ans, le 18 février 1984, le Premier Ministre Bettino Craxi et le cardinal Agostino Casaroli, secrétaire d'État du Vatican, signèrent les accords de Villa Madama. Le nouveau Concordat, qui ajournait celui stipulé le 11 février 1929 avec le régime fasciste, ne considérait plus le catholicisme comme religion d'État et rendait facultative l'heure de religion dans les écoles, introduisait cependant le mécanisme du huit pour mille. Et de fait, il laissait intacte l'énorme capacité de conditionnement que l'Église catholique a sur la politique italienne.
Aujourd'hui,
après une campagne qui a duré des mois et une pétition sur
Change.org, le secrétaire de l'Uaar Raffaele Carcano a remis plus de
vingt mille signatures pour demander à des députés et des
sénateurs abolition du Concordat avec le Saint-Siège. La remise a
eu lieu à Montecitorio et la pétition sera discutée en commissions
parlementaires. C'est un geste qui entend rappeler aux politiciens
qu'il y a une opinion publique laïque souvent maltraitée et que le
vieux système du Concordat est maintenant obsolète dans une société
toujours plus sécularisée et multireligieuse, où augmentent le
nombre des fidèles d'autres croyances mais surtout les mécréants.
L'Italie
change, mais l'Église catholique conserve d'énormes privilèges et
le respect général de la part des institutions, avec des
discriminations conséquentes envers qui n'est pas catholique et des
dommages pour les élémentaires principes de laïcité. Pas
seulement pour l'IRC (on voit les énormes difficultés pour obtenir
une alternative à l'heure de religion catholique) et le huit pour
mille, mais même dans d'autres contextes comme l'assistance
spirituelle payée par l'État, le mariage religieux qui précarise
le mariage civil, ainsi que les diverses prébendes, les exemptions
et les financements en faveur de l'Église catholique qui pèsent sur
la bourse de tous les citoyens.
Afin
que l'Italie devienne un pays vraiment laïque et moderne, la
pétition a demandé la substitution des articles 7 et 8 de la
Constitution. À la place du multiconfessionnalisme à tous les
niveaux qui grâce aux ententes repropose en petit le schéma
concordataire même avec d'autres religions, en discriminant les
athées et les agnostiques mais pas seulement, elle (la pétition)
invite les institutions à approuver une loi sur la liberté de
croyance et d'incroyance de sorte à dépasser la réglementation
fasciste sur les « cultes admis ».
L'abolition
du Concordat est cependant encore un sujet tabou, comme l'a écrit
aujourd'hui Carcano sur le site de MicroMega, et le monde politique
continue à être bien attentif à ne pas mécontenter le Vatican ;
il préfère au contraire la célébration du (nouveau) Concordat.
Notamment, avec le colloque organisé pour le trentième anniversaire
des accords de 1984 à Palazzo Giustiniani, le 12 février dernier
par la « Fondation Socialisme ». Parmi les participants,
le président du Sénat Piero Grasso, le juge constitutionnel
Giuliano Amato, le secrétaire de la Cei monsignor Nunzio Galatino,
le cardinal Attilio Nicora, le secrétaire d'État du Vatican
monsignor Pietro Parolin, divers juristes parmi lesquels les
conseillers dans la période de l'accord avec le Vatican, comme
Gennaro Acquaviva, Francesco Margiotta Broglio, Carlo Cardia.
Une
kermesse qui a offert beaucoup d'espace aux cléricaux et aux éloges
pour les accords de Villa Madama, accueillie positivement
d'Oltretevere et par l'Osservatore
Romano .
Au cours de laquelle Parolin a défini le Concordat comme un exemple
de « laïcité positive », signe de « réciproque
collaboration » entre l'État et l'Église catholique « pour
la promotion de l'homme et le bien du pays ». Et où Acquaviva
s'est candidement rappelé comme le nouveau Concordat avait donné,
surtout au niveau financier, à la Cei (Conférence des évêques
italiens) de nouveaux moyens pour augmenter son influence. Cardia,
dans l'édition d'aujourd'hui du quotidien des évêques Avvenire, a
même écrit que le Concordat est une « garantie de vraie
laïcité ».
Pourtant,
tout ceci nous rappelle combien la solution concordataire, quoique
vantée comme encore actuelle par ceux qui en recueillent les
substantiels fruits et par le monde de la politique en équilibre
instable entre le formalisme et le caractère conciliant, n'est plus
au pas avec notre temps. La société italienne, malgré eux et
malgré le cléricalisme, se fait toujours plus laïque.
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