Version
française des Dernières Nouvelles de l'UAAR – Union des Athées,
Agnostiques et Rationalistes. (23 février 2014) :
Texte
italien :http://www.uaar.it/news/2014/02/23/il-crocifisso-negli-edifici-pubblici-esperienza-personale/
Précepte
Italiens,
encore un effort pour devenir laïques !
Pour
les amis belges ou résidant en Belgique, mais intéressés par le
combat laïque en Italie et de façon plus large, en Europe, l'Asino
Nuovo publie la traduction de certains textes provenant de l'UAAR
(Union des Athées, Agnostiques et Rationalistes), association qui en
Italie ou si l'on veut, en plein cœur du Catholand, relève de la
résistance pure et simple (Ora e sempre : Resistenza !) à
l'oppression millénaire de l'ECAR (Église Catholique Apostolique et
Romaine). Une lutte de tous les jours, même le dimanche. Mais le
combat n'est pas moins important dans le reste de l'Europe où on
n'en finit pas d'inventer des racines chrétiennes aux enfants de
Monsieur de Cro-Magnon.
Ainsi
Parlait Lucien Lane
Il
est aberrant au vingt et unième siècle que dans un pays de la
Communauté Européenne ou de l'Union, comme on voudra... un père
craigne pour l'intégrité de ses enfants du fait qu'il a exprimé
son opinion relativement à la présence ou non de signes religieux
dans les écoles et les lieux publics. Mais rien n'est impossible en
Catholand où règne l'intolérance catholique. Une ambiance
quasiment inquisitoriale et moyenâgeuse, assez comparable à celle
qui existait en Allemagne dans les années 30 du siècle dernier. Ou
en Italie à la même époque...
Si
j'ose dire, c'est à n'y pas croire...
Et
pourtant, voici un témoignage direct venu tout droit de Turbigo,
village du Nord de l'Italie.
L'ÉGLISE DE TURBIGO |
Daniele
Pulvirenti, père de trois fils, est incroyant. Il vit à Turbigo, un petit village à la frontière entre la Lombardie et le Piémont,
pratiquement immergé dans le bois du Ticino. Il a contacté l'Uaar
et a gentiment consenti à la publication de son expérience des
dernières semaines.
Il y a environ un mois, j'avais commenté sur Facebook un article de 2006 qui parlait d'un imam de Segrate qui se disait prêt à lancer sa bataille contre les infidèles et appelait ses adeptes à la mobilisation. Dans mon commentaire, j'écrivais que dans beaucoup de pays à majorité islamique, on prétend que les enfants de 7 ans mémorisent le Coran (qui comme tous les livres sacrés se prête à des interprétations) et on sait qu'à cet âge, les enfants absorbent tout, tuant ainsi leur raison. La plus grande part de l'éducation religieuse est le fait de l'enseignant : si l'enseignant est un fanatique et apporte la haine, les enfants croîtront dans la haine, motif pour lequel je suis contre l'enseignement de la religion catholique dans les écoles maternelles et élémentaires. Vu que notre société, que ça plaise ou non, est multiethnique, le crucifix dans les écoles et dans les lieux publics est un abus catholique évident pas seulement vis-à-vis de ceux qui sont d'une croyance différente, mais aussi vis-à-vis de ceux qui, comme moi, ne croient pas.
Il y a environ un mois, j'avais commenté sur Facebook un article de 2006 qui parlait d'un imam de Segrate qui se disait prêt à lancer sa bataille contre les infidèles et appelait ses adeptes à la mobilisation. Dans mon commentaire, j'écrivais que dans beaucoup de pays à majorité islamique, on prétend que les enfants de 7 ans mémorisent le Coran (qui comme tous les livres sacrés se prête à des interprétations) et on sait qu'à cet âge, les enfants absorbent tout, tuant ainsi leur raison. La plus grande part de l'éducation religieuse est le fait de l'enseignant : si l'enseignant est un fanatique et apporte la haine, les enfants croîtront dans la haine, motif pour lequel je suis contre l'enseignement de la religion catholique dans les écoles maternelles et élémentaires. Vu que notre société, que ça plaise ou non, est multiethnique, le crucifix dans les écoles et dans les lieux publics est un abus catholique évident pas seulement vis-à-vis de ceux qui sont d'une croyance différente, mais aussi vis-à-vis de ceux qui, comme moi, ne croient pas.
Un
journaliste d'un hebdomadaire local me contacta et me demanda si
j'étais disposé à approfondir le sujet. J'ai accepté, à
condition que les questions et les réponses soient faites par email
et qu'elles ne soient pas politisées, puisque je fréquente parti
ouvertement de gauche et une liste civique dans l'opposition à
l'actuelle majorité de centre-droit. Le journaliste accepta et je
fis un document en puisant beaucoup d'informations mises à
disposition par l'Uaar. Il en résulta quatre pages d'une analyse
neutre des rapports entre l'Église et l'État, de la Constitution et
de sentences. L'article est sorti il y a exactement deux semaines
avec un ton provocateur sous le titre retentissant : « Daniele
Pulvirenti provoque la commune : les crucifix hors des écoles
et des lieux publics » et dans les affiches publicitaires
« Daniele Pulvirenti provoque : les crucifix hors des
lieux publics et les écoles ». J'admets que voir mon nom
affiché sur les murs du village, cela m'a légèrement impressionné.
À Turbigo, je ne suis certainement pas une personnalité.
S'en
est suivi la réaction de la population turbigaise. Le jour même de
la sortie de l'hebdomadaire « Altomilanese », je me rends
au kiosque où je trouve un monsieur entre deux âges qui s'exclame :
« Mais qui est ce fou qui voudrait enlever les crucifix ? »
Le marchand de journaux répond moitié-amusé, moitié-préoccupé :
« C'est lui, ce monsieur à côté de vous». Il me regarde…
ses yeux derrière les lunettes et sous son chapeau lancent des
éclairs et il me dit : « Mais pourquoi ? C'est notre
tradition, notre religion ». Je réponds avec la plus grande
froideur et le plus grand calme : « C'est votre opinion, votre
religion n'est pas la mienne, c'est votre tradition vu que je ne
voudrais jamais me reconnaître dans un Pays qui a dans sa tradition
des crimes atroces au nom d'un dieu que je ne reconnais pas ».
Son regard chargé de haine me gèle. Il sort en me disant « Vous
êtes une mauvaise personne ! ».
D'autres
personnes dans les jours suivants m'arrêtaient et me demandaient des
explications. Expérience dure, mais instructive. Dans mon ingénuité,
j'espérais que le journal mettrait l'interview sous l'angle du
dialogue et pas de la provocation. Provoquer un catholique intégriste
pourrait être dangereux pour quelqu'un qui a des enfants en âge
scolaire, mais aussi pour sa propre intégrité. Je ne nie pas que
les premiers jours, je me sentais comme celui qui fait des
révélations dangereuses, je cherchais à comprendre ce qu'un
concitoyen pensait de moi maintenant que je m'étais révélé
publiquement sur ce thème tabou. Je me remets en contact avec le
journaliste en lui faisant mes représentations. Sa réponse est que
le directeur a apprécié mon courage, qu'il y avait des personnes
comme moi. La réplique sortirait la semaine suivante. Et ce fut
ainsi.
Le
vendredi suivant sort le second article sous le titre : « Crucifix
dans les lieux publics, l'Église se tait. Sur la polémique soulevée
de Daniele Pulvirenti, don Luigi ne se prononce pas, pourquoi ? ».
Le journaliste contacte le curé, qui s'enferme dans un silence
assourdissant, tout comme l'Assesseur à la culture. Parlent une
citadine (d'accord avec moi) pendant que contre moi, on retrouve des
représentants politiques de la Ligue (mais il n'y a pas de mystère
vu que c'est précisément leur cheval de bataille de jeter la
religion catholique au visage des gens pour porter en avant leurs
programmes anti-intégration et xénophobes) et le chef de groupe de
la liste du maire. Ce dernier commence par ces phrases : « Le
crucifix représente nos traditions et nos racines chrétiennes. Par
conséquent, il est notre devoir et c'est notre volonté de défendre
et valoriser tout ce qui identifie notre identité. Nous croyons que
la profonde culture qui caractérise notre terre est fondée sur des
principes comme le respect de l'homme, l'unité de la famille,
l'amour, la paix et la bonté d'âme. Valeurs inaliénables que la
tradition chrétienne a vraiment contribué de manière cruciale à
construire. Nous ne comprenons pas comment elles peuvent déranger
quelqu'un. Au contraire, nous croyons que ces valeurs sont le
fondement d'une cohésion sociale à la base de notre vie commune ».
Avec
ma femme, j'ai lu bien deux fois cette hallucinante réponse, où on
confond christianisme et catholicisme, où il est évident que les
motivations présentées par cette personne ne reposent sur aucune
base crédible. En fait, il y aura un troisième article où ma femme
répond mot à mot à ces paroles, où nous demandons à cette
personne de nous donner une explication car, malgré que nous ne
soyons pas croyants, nos enfants bénéficient de la meilleure
éducation (les enseignants nous le disent ; quoique pour nous,
ce devrait être une chose normale), ont le respect des autres
personnes qu'elles soient de couleur, de religion et de pensée
différentes des leurs, de nous donner des explications sur ce que
nous devons raconter à nos fils des traditions catholiques qui sont
parsemées d'exterminations (voir Incas et Aztèques), de prédations
et de guerres au nom de Dieu (voir Croisades), d'oppression de la
liberté de pensée (voir l'Inquisition, Galilée, Giordano Bruno et
d' interminables listes).
Le
vendredi 31 janvier est sorti l'hebdomadaire avec la réponse de ma
femme. Entretemps, le discours a été politisé car sur la liste
civique que je fréquente, il y a beaucoup de croyants et l'un
d'entre eux est peu disposé à affronter certains propos. D'autres
par contre au nom de la liberté d'opinion acceptent avec réserve,
d'autres encore, mais ce sont ceux qui ont un niveau d'instruction le
plus élevé, admettent les limites des catholiques, admettent leurs
incohérences. Sur la page Facebook de la Ligue du Nord locale, par
contre, ils attribuent mes déclarations au parti de gauche que je
fréquente mais dont je ne suis pas membre. Et je pense sérieusement
si je dois m'y inscrire ou non, vu que leur direction s'est scindée
sur ce sujet. Peur de perdre des votes des croyants catholiques aux
communales, malgré qu'au niveau national dans son programme, ce
parti a inscrit la laïcité de l'État.
Daniele Pulvirenti
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